Le représentant de la Seine-et-Marne a été choisi pour la quatrième fois consécutive à la fonction de premier secrétaire du Parti socialiste, bénéficiant de 50,9 % des suffrages exprimés.
Olivier Faure, un possible candidat à l’Élysée ? Suite à sa victoire obtenue lors de l’élection à la tête du Parti socialiste avec 50,9 % des suffrages face à Nicolas Mayer-Rossignol, qui a récolté 49,1 %, selon des résultats provisoires publiés vendredi 6 juin, le premier secrétaire du PS peut-il envisager d’aller plus loin dans sa carrière politique ?
Cette victoire, bien que marquée par un faible écart, constitue néanmoins une réussite essentielle pour Olivier Faure. « C’est sa quatrième élection. Il figurera parmi les premiers secrétaires du Parti socialiste les plus durables, aux côtés de François Mitterrand, François Hollande et Lionel Jospin. Cela montre bien l’ampleur du chemin parcouru. », s’exclame auprès de 42mag.fr Pierre Jouvet, son député européen et proche collaborateur. « Il est toujours à la tête du PS, réélu pour un quatrième mandat. Évidemment, il fait partie des figures de la gauche susceptibles d’être candidates à la présidentielle », ajoute Luc Carvounas, maire PS d’Alfortville, qui souligne que les soutiens de Nicolas Mayer-Rossignol « n’avaient pour seul objectif que d’empêcher Olivier Faure d’accéder à une candidature en 2027 ».
« Olivier Faure franchit un cap, car nous sommes dans une période politique déterminante avec des échéances majeures à venir, en particulier les municipales de 2026 et la présidentielle », observe Dieynaba Diop, porte-parole du PS. Si le fait de perdre ce scrutin aurait sans doute « fermé les portes de l’Élysée », d’après un membre de l’équipe sortante, son entourage préfère rester prudent au sujet de la présidentielle de 2027. « Penser que ce succès équivaudrait à une quasi-confirmation d’une candidature serait une grossière erreur, tempère cette même source. Vous pouvez obtenir 75 % dans un vote militant, mais si vous êtes à 3 % dans les sondages, cela n’a malheureusement que peu de poids ».
Le premier secrétaire tempère ses ambitions présidentielles
Les déclarations récentes d’Olivier Faure demeurent ambivalentes quant à ses projets personnels. « Ce congrès ne sert à désigner personne en particulier (…) mais nous aurions tort de ne pas y réfléchir. Je ne parle ni de moi ni de quelqu’un d’autre, mais parce que c’est dans notre République l’échéance qui oriente la vie politique pour cinq ans, il est donc crucial de s’en préoccuper », avait-il déclaré au Parisien juste après le premier tour. Durant la phase finale de la campagne, son adversaire, le maire de Rouen, lui a réclamé qu’il précise ses intentions devant les militants, mais aucune réponse définitive ne fut donnée. Le premier secrétaire du PS n’exclut pas complètement une candidature. « Le moment venu, il faudra choisir la personne la plus à même de rassembler la gauche et de battre l’extrême droite au second tour. Si je suis cette personne, je ne me déroberai pas », précisait-il au Nouvel Obs le 30 avril.
En somme, le député de Seine-et-Marne se prépare activement. Pour renforcer sa notoriété auprès des Français, il a publié un ouvrage intitulé Je reviens te chercher, sorti fin avril, dans lequel il adopte un ton intime et personnel. Olivier Faure, fils d’une mère vietnamienne, y évoque sa double identité ainsi que l’évolution des convictions politiques de son père, qui, initialement attiré par Charles Maurras, s’est tourné vers la gauche avant de finir à l’extrême droite. Il rend hommage à ce père très apprécié pour son altruisme et son ouverture aux autres. « Souvent, je me suis interrogé sur nos parcours respectifs. Je reste admiratif envers ces héros du quotidien, mais contrairement à lui, je désire le Pouvoir. Celui capable de transformer le cours des événements », écrit le premier secrétaire.
Organiser une primaire, une option possible ?
En vue de la présidentielle prochaine, Olivier Faure ne rejette pas l’idée de la tenue d’une primaire pour désigner un candidat unique de la gauche, allant de François Ruffin à Raphaël Glucksmann, mais excluant La France insoumise puisque Jean-Luc Mélenchon sera quoi qu’il arrive candidat. « Pour moi, la nécessité de rassembler la gauche a été définitivement tranchée par ce vote », estime Pierre Jouvet. Après le congrès du PS à Nancy prévu du 13 au 15 juin, l’un des premiers déplacements du premier secrétaire réélu consistera à répondre à l’invitation de Lucie Castets, qui a convoqué une réunion des partis de gauche le 2 juillet afin de réfléchir à une candidature commune.
Du côté gauche de l’échiquier politique, la réélection d’Olivier Faure est accueillie avec enthousiasme. « C’est une excellente nouvelle pour nous. Ce socialisme-là est un socialisme avec lequel nous partageons de nombreuses affinités », se félicite un soutien de la primaire de gauche. « Je félicite Olivier Faure et me réjouis qu’un Parti socialiste demeure clairement ancré à gauche », a réagi François Ruffin vendredi matin sur BFMTV. Clémentine Autain, autre militante de cette mouvance, a lu avec attention le livre du premier secrétaire. « Ce qui me touche, c’est la dimension intime, la manière dont il s’est construit politiquement en opposition à l’extrême droite. Ce que je trouve également très intéressant, c’est qu’il prend réellement ses distances avec le bilan de François Hollande », analyse la députée de Seine-Saint-Denis, membre du groupe Ecologiste et Social.
Boris Vallaud, un concurrent à surveiller
Qui votera ? Comment ? À quelle date ? Qui sera autorisé à participer ? Les modalités pour organiser une primaire sont encore à définir. Le processus en est à ses débuts. « Les dirigeants des partis ont vocation à se porter candidats, mais si seuls des chefs de parti concourent, la portée de la primaire s’en trouverait diminuée », juge un proche de Lucie Castets. Cela laisse donc la porte ouverte à d’autres prétendants qui souhaiteraient représenter le PS dans cette primaire. « Il faut reconnaître qu’au sein de la gauche et du PS, aucun nom ne se détache vraiment. L’ensemble reste ouvert. Monsieur et madame « pourquoi pas moi ? » ne rangeront pas leurs ambitions », ironise un membre de l’équipe dirigeante sortante. « Carole Delga en rêve », raille un autre pilier de l’équipe. François Hollande lui-même pourrait nourrir des espoirs de retour à l’Élysée.
Faudra-t-il qu’Olivier Faure se méfie des ambitions de Boris Vallaud ? Bien qu’il ait terminé troisième lors du scrutin, ce dernier s’est positionné en arbitre du second tour, soutenant personnellement Olivier Faure tout en laissant ses partisans libres de leur choix. Le député des Landes, qui a également publié un ouvrage (intitulé En permanence), bénéficie de la présidence du groupe PS à l’Assemblée nationale, ce qui lui confère une visibilité politique et médiatique renforcée. « Boris a pleinement sa place. Boris et Olivier sont deux talents du parti. Que le meilleur l’emporte, même si, à mon avis, Olivier est le mieux placé », affirme un député socialiste.
Et Boris Vallaud aura bientôt son propre courant au sein du Conseil national, l’organe représentatif du parti. Olivier Faure devra composer avec cette nouvelle force. « Travailler avec Boris Vallaud, avec qui nous collaborons quotidiennement et avec qui nous partageons une ligne politique, ne nous inquiète pas du tout », réplique Pierre Jouvet, responsable des élections au PS, qui promet de reprendre « dès lundi matin la préparation des élections municipales ». « Car il faut impérativement remporter ces municipales. Elles constituent la première étape d’une éventuelle reconquête du pouvoir en 2027 », martèle Luc Carvounas. Le destin élyséen d’Olivier Faure pourrait donc se jouer dès mars 2026.