Intégrer l’équipe de Dassault Systèmes, c’est s’engager à contribuer à la réduction de l’empreinte carbone dans le secteur aéronautique, ou encore à développer des solutions innovantes pour une mobilité urbaine jusqu’alors inexistante, détaillait Pascal Daloz lors du Salon du Bourget. Selon lui, le véritable défi consiste à rendre réalisables des projets qui ont un impact positif sur le quotidien de chacun.
Dassault Systèmes, société technologique appartenant au groupe Dassault, se positionne comme l’un des leaders mondiaux dans la fourniture de logiciels en 3D. Ceux-ci sont employés dans de nombreux secteurs, notamment pour accélérer les processus au sein de l’industrie aéronautique. Selon Pascal Daloz, directeur général, la 3D est utilisée pour « concevoir des avions sans recourir à des prototypes physiques », pour « obtenir leur certification sans procéder à des vols réels », mais aussi pour élaborer « l’usine qui produira ces avions » ou encore pour « améliorer l’expérience des passagers ».
Affichant un chiffre d’affaires supérieur à 6 milliards d’euros en 2024, l’entreprise figure parmi les composantes du CAC40 et emploie quelque 25 000 collaborateurs à travers le monde, parmi lesquels environ 6 000 sont basés en France. Bien que peu connue du grand public, Dassault Systèmes intervient dans de nombreux domaines au-delà de l’aéronautique civile et militaire ainsi que du spatial, notamment dans les secteurs de la santé et de la mobilité.
Interaction avec le secteur de la défense : un impact relativement modeste mais des évolutions remarquables
42mag.fr : Le ministre de la Défense Sébastien Lecornu était présent au salon du Bourget le mercredi 18 juin. Le conflit en Ukraine dynamise le secteur de la défense ; cela se ressent-il chez Dassault Systèmes ?
Pascal Daloz : La défense représente moins de 5 % de notre chiffre d’affaires. Ce qui est intéressant, c’est la montée en puissance de nouveaux acteurs dans ce secteur, avec des approches différentes de celles observées aux États-Unis, en Chine ou ailleurs. On assiste à l’émergence de start-up qui bouleversent les règles du jeu en adaptant d’abord des technologies civiles à un usage militaire. Pour illustrer, la plupart des drones utilisés aujourd’hui en Ukraine proviennent originellement du monde civil avant d’être militarisés.
« La défense ne représente pas plus de 5 % de notre chiffre d’affaires. »
Pascal Daloz, directeur général de Dassault Systèmesentretien avec 42mag.fr
Le tourisme spatial parmi les nouveaux champs d’application
42mag.fr : Parmi vos récents clients, le tourisme spatial figure-t-il aussi ?
Pascal Daloz : Oui, on observe l’arrivée de nombreuses nouvelles formes de mobilité, notamment la mobilité urbaine avec des véhicules à décollage vertical, comme les taxis volants. Par ailleurs, des navettes conçues pour le tourisme spatial voient le jour. Un de nos partenaires présents au Bourget, Virgin Galactic, était accompagné de ses futurs clients. Pour ces derniers, nous avons développé une expérience immersive qui leur permet de se projeter dans leur futur voyage, bien avant de monter à bord de la navette.
42mag.fr : Cela fonctionne donc comme un casque numérique de réalité virtuelle ?
Pascal Daloz : Exact. Nous utilisons un casque de réalité virtuelle fourni par Apple, qui plonge les utilisateurs à l’intérieur de la navette. Ils peuvent comprendre son fonctionnement, leur positionnement à l’intérieur, le déroulement de l’expérience, les consignes de sécurité à suivre, la durée du vol, ainsi que le plan de vol en détails.
Une collaboration majeure avec Airbus portée sur la digitalisation complète
42mag.fr : Airbus, client majeur dans l’aéronautique, a opté pour votre plateforme 3D Expérience pour ses prochains programmes. Est-ce une commande significative pour vous ?
Pascal Daloz : Sans aucun doute, c’est un projet d’envergure qui s’étale sur plusieurs décennies. Nous créons un jumeau numérique complet de l’avion, mais aussi de l’usine de production ainsi que de la mise en service et de la maintenance des appareils. Cet outil est capital, surtout dans un contexte où le secteur doit faire face à des contraintes fortes, notamment celles liées aux cadences de production.
« Que ce soit Airbus ou d’autres acteurs, ils disposent de carnets de commandes remplis pour plus de dix ans et doivent accélérer leur rythme de production. »
Pascal Dalozdéclaration à 42mag.fr
La capacité à concevoir l’avion et simultanément son usine permet de réaliser des gains de temps considérables.
42mag.fr : Lorsque Airbus annonce la signature de commandes pour huit gros-porteurs A350, cela vous impacte-t-il ?
Pascal Daloz : Indirectement, oui. En effet, lorsque les carnets de commandes sont pleins, les industriels tendent à investir davantage. Par ailleurs, cette industrie doit aussi relever le défi du recrutement, ce qui pousse à se tourner vers la technologie pour automatiser les tâches, en particulier celles à haute valeur ajoutée.
Un glissement similaire à celui de l’automobile vers le logiciel
42mag.fr : Dans l’automobile, la valeur ajoutée repose de plus en plus sur les logiciels. L’aéronautique vit-elle la même évolution ?
Pascal Daloz : L’aéronautique avait déjà une avance sur l’automobile car l’avionique y est présente depuis longtemps. Toutefois, on observe maintenant que le jumeau numérique n’est plus seulement un outil de conception : il est incorporé à bord, capable de prendre certaines décisions en vol.
Une croissance des effectifs en parallèle de la montée en charge d’Airbus
42mag.fr : Avec la montée en cadence d’Airbus, Dassault Systèmes augmente-t-il aussi ses recrutements ?
Pascal Daloz : Nous recrutons chaque année plus de 5 000 personnes, dont environ 1 000 en France, en majorité de jeunes talents. J’encourage donc les jeunes en France à nous rejoindre.
42mag.fr : Ces recrutements ciblent-ils uniquement des ingénieurs ?
Pascal Daloz : Principalement, puisque plus de la moitié de nos effectifs travaillent au développement de logiciels, mais notre recrutement ne s’y limite pas. Côté parité, nous sommes parmi les mieux placés avec plus de 30 % de femmes dans des équipes techniques, un domaine traditionnellement masculin.
Quels sont vos rivaux dans la course aux jeunes talents ?
42mag.fr : Des jeunes ingénieurs peuvent se poser la question : pourquoi choisir Dassault Systèmes plutôt que Google ou Meta, par exemple ?
Pascal Daloz : Certes, les géants du numérique recrutent beaucoup, essentiellement aux États-Unis plutôt qu’en Europe. Nous sommes en concurrence avec eux, mais là où nous nous distinguons, c’est par l’impact concret. Prenez l’aéronautique : la sécurité des vols doit beaucoup à notre travail.
« Nous participons activement à la décarbonation de l’aviation. »
Pascal Dalozà 42mag.fr
Nous contribuons à rendre l’aviation accessible à toutes les nations et à développer une mobilité urbaine encore inexistante. C’est là l’essence même de Dassault Systèmes : permettre ce qui auparavant ne l’était pas, au service de la vie quotidienne.
42mag.fr : Donc aujourd’hui, votre véritable concurrent dans le domaine du recrutement n’est pas Google, mais plutôt Thalès ?
Pascal Daloz : Non, ce ne sont pas vraiment des concurrents mais plutôt des partenaires proches. Nous sommes complémentaires car Thalès est davantage axé sur les systèmes embarqués dans l’avion, tandis que nous intervenons plus en amont, sur les chaînes d’outils utilisées pour concevoir l’avion.