Le gouvernement affirme qu’il va lutter fermement contre le problème majeur que représentent les armes blanches, qualifié de véritable « fléau ». Cependant, il fait face à des reproches venant de la droite, qui lui reproche une certaine passivité face à la montée de la violence. Plus précisément, c’est le président de la République qui est la cible des critiques du Rassemblement National, ce dernier l’accusant d’avoir sous-estimé la gravité de ces incidents violents récurrents.
Suite au tragique événement survenu à Nogent mardi 10 juin, François Bayrou se retrouve en position de défense, car ce drame, qui bouleverse le monde de l’école mais également l’ensemble de la société, qualifiée par Emmanuel Macron de « nation en deuil« , représente également une épreuve politique majeure pour l’exécutif.
Ce meurtre commis contre une jeune surveillante s’inscrit dans une série d’incidents récents, tous liés à des établissements scolaires ou à leur proximité, impliquant systématiquement des jeunes victimes et de jeunes agresseurs. Les armes blanches, dont la circulation devient de plus en plus courante, sont au cœur de ces violences. Le dernier cas marquant remonte à fin avril à Nantes, lorsque qu’une lycéenne a été poignardée par un élève de seconde, qui avait auparavant blessé trois autres élèves. Devant ce qu’a qualifié François Bayrou d’ »épidémie« , le gouvernement risque d’encourir pour l’opinion publique le pire des jugements : celui d’être impuissant, voire inefficace.
Marine Le Pen condamne le gouvernement pour son « manque de réaction politique »
La politisation immédiate de ce drame n’a pas tardé à se manifester. Marine Le Pen, figure emblématique de l’extrême droite, a pris la parole à l’Assemblée avec une gravité appuyée, interpellant le Premier ministre et dénonçant un « manque de réaction politique« . Elle a directement visé Emmanuel Macron, qu’elle accuse d’être « hors sol face à cette réalité tragique et brutale« . Des propos qualifiés de « malhonnêtes et indécents » par le chef de l’État. Pour Marine Le Pen, les discours de l’exécutif ne suffisent pas à apaiser la douleur après la tragédie de Nogent.
Toutefois, la présidente du Rassemblement national ne se prive pas d’employer à son tour un vocabulaire fort, dénonçant les « barbares« , l’ »ensauvagement« , ainsi que la « perte du respect pour la vie« . Elle ne présente cependant aucune mesure concrète en réponse. Le RN préfère miser sur une dimension émotionnelle, cherchant à apporter du réconfort à « toutes les familles qui vivent dans la peur« . La tâche assignée au gouvernement, elle, est nettement plus compliquée.
Contrôles, limitation de la vente d’armes, régulation des réseaux sociaux : les mesures gouvernementales
Au-delà de l’émotion et de la compassion envers les familles touchées, le gouvernement se doit de proposer et d’appliquer des solutions concrètes. Il n’est pas resté inactif : par exemple, le homicide survenu ce mardi a eu lieu alors que des contrôles aléatoires des sacs des élèves étaient déjà mis en place, en présence de gendarmes, suite à une directive signée fin mars par Bruno Retailleau.
En outre, François Bayrou a annoncé plusieurs mesures, parmi lesquelles l’interdiction de vendre des armes blanches aux mineurs et l’expérimentation de portiques de sécurité à l’entrée de certains établissements scolaires en difficulté. Plus crucial encore, il a affirmé qu’une attention particulière serait donnée à la santé mentale des jeunes, un aspect longtemps négligé dans les politiques publiques. Par ailleurs, Emmanuel Macron souhaite instaurer l’interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 15 ans. Toutes ces initiatives visent à freiner la montée de la violence qui affecte les écoles. Plusieurs grandes villes européennes ont récemment connu des drames similaires, de Londres à Zagreb en passant par Prague. Et mardi, à Graz en Autriche — l’un des dix pays les plus sûrs au niveau mondial selon l’indice de la paix — une fusillade dans un lycée a causé la mort de 10 personnes et fait 12 blessés graves.