Les principales lignes directrices du budget pour l’année 2026 seront présentées à 16 heures par le Premier ministre. Ce dernier doit faire face à un défi majeur : dégager 40 milliards d’euros, somme nécessaire pour équilibrer les comptes, à laquelle s’ajoute une demande supplémentaire concernant le budget alloué à la défense. Plusieurs solutions sont envisagées pour répondre à cette contrainte, parmi lesquelles figure l’idée d’une année blanche. Pour mieux comprendre les enjeux liés à cette situation, Arnaud Benedetti, qui occupe le poste de rédacteur en chef de la « Revue politique et Parlementaire », partage son analyse au cours de l’émission « La Matinale » diffusée le 15 juillet.
François Bayrou doit désormais affronter une étape cruciale. Ce 15 juillet, le Premier ministre va dévoiler ses propositions concernant le budget 2026. Plusieurs solutions sont envisagées pour combler les 40 milliards d’euros nécessaires, parmi lesquelles celle d’une « année blanche », où les prestations sociales ne seraient pas augmentées pour suivre l’inflation. Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de la « Revue politique et Parlementaire », répond aux questions de Djamel Mazi dans « La Matinale ».
Ce passage correspond à la retranscription partielle de l’entretien vidéo ci-dessus. Pour voir l’intégralité de la discussion, cliquez sur la vidéo.
Un effort partagé entre tous ?
Djamel Mazi : En résumé, le message principal sera que chacun doit participer aux économies ?
Arnaud Benedetti : Nous verrons ce qu’il en ressortira cet après-midi. François Bayrou fait face à l’épreuve la plus complexe depuis son arrivée à Matignon, car il doit résoudre un casse-tête budgétaire d’autant plus ardu que la situation parlementaire est instable. C’est cette double contrainte qui complique sa tâche. Deux options s’offrent à lui : soit il lance des signaux destinés à apaiser, en quelque sorte, la gauche et le Rassemblement national, un exercice notoirement ardu, soit il appelle directement les citoyens à un effort intense, rappelant que la souveraineté nationale et la maîtrise de la dette sont en jeu pour éviter une crise majeure. Le risque est alors évident : il s’expose à un rejet de tous bords qui pourrait provoquer une motion de censure. La difficulté pour François Bayrou est ancienne : il se retrouve exactement dans la même situation qu’il y a un an, avec à l’Assemblée nationale près de 310 députés pouvant, à tout instant, faire tomber le gouvernement.
Des lignes rouges divergentes en opposition
Il faut aussi souligner que les attentes et les limites ne sont pas uniformes entre la gauche, La France insoumise et le Rassemblement national…
Compter sur le soutien de la gauche semble aujourd’hui délicat. Parviendra-t-il à séduire le Parti socialiste, comme il l’avait fait initialement quand LFI et le Nouveau Front populaire avaient échoué à faire passer leur motion de censure ? Cela s’annonce plus compliqué, et ce pour une raison électorale très simple : les élections municipales approchant, le Parti socialiste pourrait être poussé à suivre une motion de censure pour des considérations stratégiques évidentes.
Les socialistes refroidis après l’échec du conclave
En outre, la récente crise autour du conclave, qui s’est soldée par un échec, a laissé des traces. D’un autre côté, la question majeure ne concerne pas uniquement un éventuel vote unanime de la gauche contre le gouvernement – ce qui semble probable –, mais plutôt l’attitude incertaine du Rassemblement national. Ces dernières semaines, les signaux envoyés par le RN au sujet des retraites sont plutôt défavorables à François Bayrou, accentuant la pression sur le Premier ministre.
Plusieurs facteurs pourraient toutefois freiner Marine Le Pen et ses alliés dans leur volonté de renverser le gouvernement. Tout d’abord, l’engagement affiché du Premier ministre à assainir les finances publiques pourrait bénéficier au Rassemblement national lors de la prochaine échéance électorale de 2026, en leur permettant de se démarquer en affirmant : « Nous ne ferons pas le sale boulot ».
Plusieurs paramètres entrent en jeu dans cette équation. D’une part, Marine Le Pen est personnellement confrontée à des défis judiciaires et politiques majeurs, ce qui pourrait engendrer une crainte d’une dissolution parlementaire si la motion de censure passait. Toutefois, jusque-là, rien n’indique que cela la retienne réellement. D’autre part, le RN cherche à se positionner comme une force responsable, capable de gouverner, en montrant qu’il assume l’effort demandé aux citoyens, ce qui renforcerait son image d’alternative gouvernementale crédible plutôt que de simple force d’opposition radicale. Reste à savoir si le Rassemblement national fera ce choix stratégique.
Ce choix n’est pas simple, notamment parce que, selon les sondages actuels, une majorité de ses sympathisants est favorable à la destitution du gouvernement. Par ailleurs, beaucoup de Français pensent, que ce soit à gauche, à droite ou à l’extrême droite, que la victoire du RN lors de l’élection présidentielle de 2024 leur a été injustement retirée. Cela constitue un élément important à prendre en compte dans les calculs politiques à venir.
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