Dans un contexte international marqué par une instabilité croissante, Emmanuel Macron s’exprimera dimanche soir afin de proposer un renforcement significatif du financement des forces armées. Il ambitionne d’aller au-delà des moyens déjà alloués par la loi de programmation militaire adoptée en 2023, visant ainsi à accroître considérablement les capacités de défense de la France.
Une augmentation sans précédent. Emmanuel Macron prendra la parole dimanche 13 juillet pour aborder les « efforts en matière de défense » indispensables face à la montée des menaces et à un ordre mondial en proie à diverses tensions. Lors de son discours annuel aux forces armées, qui se tiendra à la veille du 14-Juillet dans les jardins du ministère des Armées à l’Hôtel de Brienne, le président de la République annoncera des « mesures significatives », d’après les informations communiquées par l’Élysée.
Pour mettre en perspective cette intervention, le général Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées, a dressé vendredi un portrait alarmant des risques actuels lors d’une conférence de presse rare. L’un des points clés évoqués a été le budget dédié à la défense, qui a connu une progression marquée depuis 2017, passant de 32,2 milliards à 50,5 milliards d’euros prévus pour 2025. « Il est évident que nous devons à présent réexaminer notre programmation budgétaire et stratégique, en tenant compte de l’évolution du type de menaces », a reconnu Emmanuel Macron jeudi, lors de sa visite officielle au Royaume-Uni.
À ce jour, la loi de programmation militaire adoptée en 2023, couvrant la période 2024-2030, consacre un budget total de 413 milliards d’euros aux forces armées, avec des hausses annuelles légèrement supérieures à 3 milliards, pour atteindre 67,4 milliards en 2030.
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Cependant, le gouvernement ambitionne d’augmenter encore ce budget, malgré un contexte économique tendu. « La situation (…) a radicalement changé », a expliqué le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, dans un entretien accordé à La Tribune dimanche. « Le Moyen-Orient s’est rappelé à notre attention. La menace venant de la Russie a également provoqué d’autres conflits régionaux ou locaux, tels que celui opposant l’Arménie à l’Azerbaïdjan », a-t-il précisé, en soulignant l’urgence de s’adapter aux « ruptures technologiques », notamment dans les domaines spatial et de l’intelligence artificielle.
La France doit également s’aligner sur les nouvelles normes établies par l’Otan en juin dernier, à l’initiative notamment de Donald Trump, qui impose aux États membres de consacrer 3,5 % de leur produit intérieur brut aux seules dépenses militaires d’ici 2035 (avec un total de 5 % pour l’ensemble des dépenses de sécurité). Après un pic supérieur à 7,5 % dans les années 1950, la part des ressources nationales dédiée à la défense a constamment diminué au XXe siècle, atteignant son niveau le plus bas en 2012 avec 1,87 % du PIB, selon les données de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri). Depuis, ce taux a légèrement progressé pour atteindre 2,05 % en 2024.
À l’instar de la France, plusieurs pays européens travaillent à accroître leurs budgets militaires. Le Royaume-Uni prévoit d’augmenter ses dépenses à 2,5 % du PIB d’ici 2027, avant de viser 3 % au-delà de 2029. Quant à l’Allemagne, elle envisage d’allouer 162 milliards d’euros à la défense en 2029, soit l’équivalent de 3,5 % de son PIB. La Pologne, pour sa part, investit déjà 4,7 % de sa richesse nationale dans ce secteur.