Dimanche, Emmanuel Macron a sollicité un accroissement du financement destiné aux forces armées, en insistant sur le fait que cette augmentation ne devait pas passer par un recours à l’endettement. Afin de dégager les ressources nécessaires à cet effort, il est prévu de procéder à des réductions supplémentaires dans les dépenses liées aux prestations sociales.
Lors de son allocution dimanche 13 juillet, le président de la République a sollicité un supplément de budget de 3,5 milliards d’euros pour la Défense en 2026, puis 3 milliards supplémentaires en 2027. Cependant, il n’a pas précisé quelles sources de financement seraient mobilisées pour couvrir ces sommes. La responsabilité de dégager ces fonds incombe désormais à François Bayrou, qui occupe la fonction de Premier ministre.
François Bayrou devra dévoiler les grandes orientations budgétaires pour l’année 2026 ce mardi 15 juillet. Il sera alors crucial de déterminer quels postes de dépenses, notamment celles à caractère social, risquent d’être réduits. En effet, le choix entre renforcer les moyens militaires ou préserver les allocations sociales risque de susciter un arbitrage délicat. Emmanuel Macron a clairement insisté sur le fait que cet effort financier ne devra pas s’accompagner d’une hausse de l’endettement national. Cela s’explique par le poids déjà très important de la dette publique et par l’augmentation des taux d’intérêt sur les marchés financiers. Plus récemment, vendredi dernier, le coût d’emprunt pour un emprunt d’État à 30 ans a atteint un pic inédit depuis près de quinze ans, remontant à la période de la crise financière mondiale.
Réformes ciblées sur l’assurance chômage et les jours non travaillés
Pour justifier ce surcroît de dépenses en faveur de la défense, Emmanuel Macron a mis en avant dimanche dernier la nécessité d’accroître la production et, par extension, le volume d’activité économique, ce qui revient à travailler davantage. Ce message n’est évidemment pas anodin puisque François Bayrou prévoit de lancer dès la rentrée deux réformes majeures. La première portera sur l’assurance chômage, avec pour objectif de durcir les conditions d’indemnisation des demandeurs d’emploi afin de les encourager à reprendre plus rapidement un emploi. La seconde réforme concernera le marché du travail, en particulier la révision des règles relatives au temps partiel et à l’ouverture du travail dominical. Par ailleurs, il est envisageable que le gouvernement propose aux Français de renoncer à un jour férié, à l’image de ce qui avait été fait pour le lundi de Pentecôte, afin de financer des dépenses spécifiques, comme celles liées à la dépendance ou à la perte d’autonomie. Pour comprendre l’impact, un « jour de solidarité » rapporte annuellement entre 3 et 3,5 milliards d’euros, c’est exactement l’enveloppe budgétaire supplémentaire demandée par le chef de l’État. Une telle mesure pourrait donc être envisagée pour soutenir le financement des efforts militaires.
Par ailleurs, Emmanuel Macron a également appelé au renforcement de l’investissement privé, sollicitant les entreprises et les établissements bancaires à soutenir financièrement la base industrielle et technologique de défense. Alors que les grands groupes fournisseurs de l’armée, comme Dassault, Thales ou Nexter, disposent relativement aisément d’accès aux financements, il n’en va pas de même pour les petites et moyennes entreprises œuvrant dans ce secteur stratégique. En mars dernier, Éric Lombard, ministre de l’Économie, avait déjà initié un programme pour remédier à cette problématique, mais il est clair que des efforts plus importants et plus rapides sont nécessaires. Concernant les acteurs industriels du domaine de la défense, Emmanuel Macron s’est par ailleurs engagé à garantir l’exécution intégrale des contrats signés cette année, à l’euro près. Cette mesure vise à assurer aux fournisseurs une visibilité optimale et à renforcer leur confiance dans la pérennité des commandes, favorisant ainsi leur mobilisation et leur réactivité dans la livraison des équipements.
Enfin, le président a également fait appel à un sentiment de « patriotisme » chez les entreprises, les encourageant à se montrer prêtes et capables de s’organiser rapidement et efficacement en cas de déclenchement d’un conflit armé, soulignant ainsi l’importance d’une mobilisation collective face à des enjeux stratégiques majeurs.