François-Xavier Bellamy, qui occupe les fonctions de vice-président au sein du parti Les Républicains et exerce également en tant que député au Parlement européen, s’est présenté comme invité lors de l’émission 4V diffusée sur France 2, lors de l’édition matinale du mardi 22 juillet.
La pétition lancée contre la loi Duplomb, qui inclut notamment le rétablissement de l’acétamipride, a recueilli plus de 1,5 million de signatures au matin du mardi 22 juillet. Invité par Jean-Baptiste Marteau dans l’émission Les 4V, François-Xavier Bellamy, vice-président des Républicains, défend vigoureusement cette loi, tout en dénonçant une vaste campagne de désinformation menée par Hugo Clément, Sandrine Rousseau et d’autres « activistes de l’écologie politique », qu’il qualifie d’ »absolument stupéfiante ».
Ce contenu est issu de la retranscription partielle de l’interview visible ci-dessus. Pour visionner l’intégralité de l’entretien, cliquez sur la vidéo.
Quelle réponse face à la pétition contre la loi Duplomb ?
Jean-Baptiste Marteau : Commençons par évoquer la pétition qui réclame le retrait de la loi Duplomb et qui a dépassé 1,5 million de signatures ce mardi 22 juillet. Que doit-on faire à présent ? Faut-il remettre en cause la loi, solliciter une nouvelle délibération à l’Assemblée nationale, ou bien ignorer ces revendications populaires ?
François-Xavier Bellamy : Il est évident que nous ne pouvons pas passer outre des débats essentiels, mais concernant ce dossier précis, le point de départ du dialogue devrait être un rétablissement clair des faits.
Quels sont les faits à prendre en compte ?
Pour moi, la réalité est la suivante : la loi Duplomb suscite des critiques principalement à cause de la réintroduction, dans un cadre strictement encadré, de l’acétamipride. Cette loi est victime d’une campagne de désinformation d’une ampleur sidérante. En vérité, les agriculteurs français sont les seuls à se voir interdire d’utiliser cette substance, alors qu’elle est autorisée dans 26 pays européens ainsi qu’au Japon, au Canada, en Australie ou encore aux États-Unis. À doses contrôlées et très réglementées, cette molécule ne présente pas de danger pour la santé humaine ni ne provoque de mortalité des abeilles. L’utilisation prévue concerne des cultures spécifiques comme la betterave, qui ne fleurit pas — donc, les abeilles ne butinent pas — ou encore la noisette. C’est exactement ce que prévoit la loi Duplomb. Ce cadre strict est vital pour que nous puissions continuer à produire en France plutôt que d’importer des produits venant de l’autre bout du monde, de lieux comme la Turquie ou l’Amérique du Sud, où aucune des normes que nous imposons n’est respectée. C’est un moyen de résister à cette stratégie d’importation qui, depuis plusieurs années, conduit à une situation absurde : on détruit notre agriculture et en même temps, nous devons nous contenter d’une alimentation de qualité nettement inférieure à ce que nous pourrions produire nous-mêmes.
La demande populaire environnementale est-elle prise en compte ?
Il est vrai que de plus en plus de citoyens souhaitent aller plus loin dans la protection de l’environnement, en refusant par exemple les pesticides qui mettent en danger les abeilles.
Les agriculteurs, au fil des dernières décennies, ont vu les substances chimiques très toxiques disparaître ou les ont eux-mêmes éliminées de leurs pratiques. Et ceci était indispensable. L’acétamipride sert à remplacer des produits qui étaient 2 000 à 3 000 fois plus nocifs. Emploi dans un cadre rigoureux, ce produit est considéré comme sûr. C’est ce que confirment l’Agence européenne de sécurité alimentaire ainsi que l’Agence française de sécurité alimentaire, qui a d’ailleurs refusé d’interdire sa commercialisation. Cette interdiction aurait relevé d’une décision politique, et non scientifique.
Le débat est-il biaisé selon vous ?
Je tiens à exprimer ma vive réprobation face à ceux qui orchestrent cette désinformation. Je pense notamment à certains acteurs de l’écologie politique qui défendent ouvertement la décroissance, à des influenceurs parfois mal informés, ainsi qu’à des journalistes, hélas parfois liés au service public. Quand Hugo Clément prétend que les députés ont sciemment choisi de « poisonner les Français » en réintroduisant un produit toxique, non seulement c’est mensonger, mais en plus cette accusation est d’une violence inacceptable. Ensuite, Sandrine Rousseau déclare avec mépris qu’elle se fiche de la rentabilité des agriculteurs. Faut-il lui rappeler qu’en France, un tiers des agriculteurs vivent en dessous du seuil de pauvreté ? Que ceux qui nourrissent notre pays aujourd’hui doivent surmonter des difficultés colossales, certains en arrivant malheureusement à se donner la mort. Est-ce là ce que Sandrine Rousseau défend ?
En vérité, ce type de campagne menée par Hugo Clément, Sandrine Rousseau et leurs alliés, profite à l’importation massive des denrées, en interne comme à l’extérieur de l’Union européenne, ce qui met en péril la santé publique. Pour ma part, je comprends et partage la mobilisation populaire qui vise à protéger la santé de tous, en particulier celle des enfants et des générations futures. Pourtant, beaucoup de produits consommés quotidiennement, même au petit déjeuner, sont en réalité importés faute d’une production nationale suffisante. Je préfère que ces aliments soient produits en France, sous un strict contrôle sanitaire, avec des produits utilisés à des doses sans toxicité, plutôt que de faire venir des denrées du bout du monde où les règles sanitaires sont souvent inexistantes et où les risques sont bien plus élevés.
Quelle est la position des Républicains sur le budget ?
Vous êtes le numéro deux du parti Les Républicains. J’ai du mal à cerner la ligne que tient votre formation face au vote du budget après les propositions avancées par François Bayrou. Faut-il comprendre que vous critiquez certaines mesures, comme la suppression de deux jours fériés ? Êtes-vous opposé aux initiatives de Bayrou, mais favorable au diagnostic dressé par le Premier ministre ?
Le constat est limpide et nous le martelons depuis longtemps : la trajectoire de la dette publique française représente une menace grave pour notre pays, pour notre économie et pour l’avenir de nos enfants. Le risque majeur est de perdre la maîtrise de notre destin national. Il est indispensable d’inverser cette course à l’endettement. Nous partageons aussi l’objectif de travailler davantage. Cependant, le vrai problème en France, c’est que nous sommes le pays de l’OCDE où, en moyenne, on travaille le moins sur une vie entière. Cette statistique masque néanmoins un déséquilibre : certains Français travaillent énormément, parfois dans des conditions difficiles, peinant à joindre les deux bouts malgré leur effort ; tandis que d’autres, qui devraient être en activité, ne le sont pas. Voilà la question essentielle à régler aujourd’hui. Il ne s’agit pas simplement de faire travailler plus ou de faire payer encore davantage ceux qui contribuent déjà largement, mais plutôt d’assurer une participation équitable de tous, en incitant chacun, selon ses capacités, à travailler et à contribuer au redressement national.
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