La ministre de la Culture, qui a été mise en examen et renvoyée devant le tribunal correctionnel dans le cadre de l’affaire Carlos Ghosn, refuse catégoriquement de démissionner de ses fonctions. Toutefois, les demandes pour qu’elle quitte son poste se font de plus en plus pressantes, particulièrement parmi les élus de la gauche. Par ailleurs, elle ne bénéficie que d’un soutien limité, aussi bien parmi les membres de la majorité présidentielle que dans les rangs de son propre parti politique.
Mardi 22 juillet, Rachida Dati a interjeté appel de sa mise en examen devant le tribunal correctionnel. La ministre de la Culture est impliquée dans l’affaire Carlos Ghosn, du nom de l’ancien PDG de l’alliance Renault-Nissan. Elle est renvoyée en procès notamment sous l’accusation de « corruption ». Cette décision a rapidement provoqué de multiples réactions sur le plan politique.
Le soir même, Rachida Dati a bénéficié d’un appui notable, celui de Gérald Darmanin, son collègue ministre de la Justice, qui s’est exprimé lors du journal télévisé de 20 heures sur TF1 : « Nous apportons notre soutien à Rachida Dati, qui est une grande ministre de la Culture et maire de Paris, et nous laissons la justice suivre son cours. » Plus tôt dans la journée, l’entourage d’Emmanuel Macron avait affirmé que le président continuait de lui maintenir sa confiance au sein du gouvernement. « Une mise en examen n’équivaut pas à une condamnation, elle poursuit donc ses missions, » a expliqué un conseiller du chef de l’État.
« Paris mérite un maire, pas un accusé »
Malgré ces soutiens, la ministre conserve son poste, alors que les demandes de démission s’amplifient, notamment à gauche. « Rachida Dati doit quitter le gouvernement, » affirme le député socialiste Arthur Delaporte.
« Sa présence actuelle au ministère de la Culture porte atteinte à l’ensemble du gouvernement. »
Arthur Delaporte, député PSà 42mag.fr
Dans le même esprit, Emmanuel Grégoire, adversaire socialiste de Rachida Dati dans la course à la mairie de Paris en 2026, déclare : « Paris mérite un maire, pas quelqu’un mis en examen. » Pierre-Yves Bournazel, candidat soutenu par Horizons aux prochaines élections municipales, partage également cet avis. Il considère que la ministre devrait démissionner afin de « protéger le gouvernement et la crédibilité du ministère de la Culture ».
Des appuis limités chez LR et parmi les macronistes
Même au sein de la droite, dans le camp des Républicains proche de Rachida Dati, certains commencent à exprimer des doutes. Un maire d’arrondissement de droite confie : « La question de la candidature LR pour Paris se pose. » Du côté du Rassemblement national, aucun représentant n’a souhaité faire de déclaration. Chez les macronistes également, l’ambiance est discrète, sans paroles de soutien à la ministre de la Culture. Un député confie à cet égard : « Je n’ai rien à commenter, désolé, je ne suis pas un grand fan de Dati. »
Au-delà de la bataille pour la mairie de Paris, cette mise en examen complique aussi d’autres projets de la ministre. Rachida Dati continue de défendre la très controversée réforme de l’audiovisuel public, tandis qu’elle mène un bras de fer contre Michel Barnier pour obtenir l’investiture LR dans la législative partielle de Paris.