Le diplomate s’est exprimé sur France Inter concernant la déclaration faite par Emmanuel Macron, annonçant son intention de reconnaître officiellement l’État de Palestine dès le mois de septembre à venir.
« Ce choix de la France vise à dépasser ce que beaucoup perçoivent comme une hypocrisie », a déclaré vendredi 25 juillet sur France Inter Gérard Araud, diplomate français et ancien ambassadeur de France aux États-Unis, suite à l’annonce faite jeudi soir par Emmanuel Macron concernant la reconnaissance par la France de l’État de Palestine.
« Chaque jour, lorsqu’un missile s’abat sur Kharkiv ou Kiev en Ukraine, nous exprimons notre indignation et nous avons raison de le faire. Pourtant, de l’autre côté, la bande de Gaza a été presque entièrement détruite, et ce, dans un silence étourdissant des nations occidentales. C’est aussi une question de cohérence : comment pouvons-nous défendre les droits humains et le droit international, si nous appliquons deux poids deux mesures en faveur d’Israël ? », souligne Gérard Araud.
« Il y a une véritable tragédie. Je comprends donc que ce sentiment d’urgence ait poussé le président à avancer en solitaire. »
Gérard Arauddans une interview à 42mag.fr
« Cette décision prise par le chef de l’État ne relève pas d’un simple raisonnement intellectuel ou théorique », analyse le diplomate français. Elle est aussi motivée par l’urgence de la situation. On observe aujourd’hui une famine à Gaza, désormais reconnue jusqu’au sein de la presse israélienne. Par ailleurs, la violence quotidienne en Cisjordanie, infligée par des colons incontrôlés envers la population palestinienne, n’a aucune réponse politique en vue. Nous espérons que d’autres pays, comme le Royaume-Uni, emboîteront le pas, mais la France a décidé qu’elle ne pouvait plus se permettre d’attendre. »
« Cette démarche de reconnaissance constitue en quelque sorte un cri du désespoir. La situation est en effet devenue une tragédie immense, avec un gouvernement israélien fermé à toute négociation, tandis que les États-Unis affichent un soutien sans faille à Israël. Il est évident que les Palestiniens se retrouvent aujourd’hui désespérément isolés face à cette calamité », poursuit Gérard Araud.
« De plus, les Palestiniens eux-mêmes sont divisés entre une autorité palestinienne inefficace et corrompue, d’une part, et un groupe terroriste, d’autre part. Nous sommes donc dans une impasse qui a atteint des sommets en matière de souffrances humanitaires. La prise de parole française ressemble à une voix criant dans le désert, un signal d’alerte adressé aux autres pays occidentaux : si vous souhaitez conserver la moindre forme de crédibilité, il faut agir sans délai. Mais il reste incertain que la France soit écoutée », conclut le diplomate.