Lundi, la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a lancé une série de dialogues avec les différents acteurs sociaux. Lors de cette première séance, les positions hostiles se sont rapidement manifestées avec vigueur.
La phase actuelle de consultation engagée par le gouvernement précède l’envoi aux partenaires sociaux des documents cadres relatifs à trois négociations importantes : l’assurance chômage, le droit du travail et les jours fériés. L’exécutif souhaite transmettre ces documents d’orientation à la fin du mois, mais les discussions préparatoires rencontrent déjà plusieurs obstacles. Parmi les huit syndicats attendus, trois ont déjà annoncé qu’ils boycotteraient la réunion en signe de protestation : la CGT, Force Ouvrière ainsi que la CFE-CGC, représentant notamment les cadres.
Lors de la première séance qui s’est tenue lundi 21 juillet, Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, a clairement exprimé son opposition. Selon elle, dans sa version actuelle, la réforme de l’assurance chômage constituerait « un véritable carnage pour les demandeurs d’emploi ». Elle a dénoncé un niveau d’économies visé « sans précédent » dans l’histoire de ce dispositif. Initialement, cette réforme visait à générer des économies annuelles comprises entre 2 et 2,5 milliards d’euros sur les allocations versées entre 2026 et 2029, mais d’après la responsable de la CFDT, ce montant serait en réalité plus proche de 3 à 4 milliards, selon les échanges qu’elle a eus avec la ministre du Travail.
Une rentrée sociale sous haute tension
Quelles seraient les sources précises de ces réductions budgétaires annuelles ? La principale serait une diminution de la durée maximale d’indemnisation, qui serait réduite d’un quart pour passer à quinze mois. Cette mesure n’est cependant pas une nouveauté, car elle avait déjà été adoptée fin 2022 sous le gouvernement Borne, lequel gérait alors l’Unedic, le régime de l’assurance chômage. Cette annonce a suscité une vive réaction parmi d’autres syndicats, notamment la CFTC. Son président, Cyril Chabannier, s’est exprimé lundi soir sur 42mag.fr, qualifiant le projet gouvernemental de « totalement insensé ».
Par ailleurs, d’autres sujets restent sur la table, notamment les propositions avancées par Matignon, comme la possible monétisation de la cinquième semaine de congés payés ainsi que la suppression de deux jours fériés. Ces projets ont accentué les tensions, surtout dans un contexte où les représentants du patronat, dont le Medef, qui étaient reçus simultanément au ministère de l’Économie, ont fait part de leurs inquiétudes concernant une éventuelle contribution financière à laquelle les entreprises pourraient être astreintes en échange de la suppression de ces deux jours fériés. Ce véritable imbroglio entre syndicats et employeurs promet de donner du fil à retordre au gouvernement, qui risque de passer des nuits agitées avant la période estivale, en prévision d’une rentrée sociale qui s’annonce très conflictuelle.