Dimanche après-midi, Marine Le Pen et Jordan Bardella prendront part à un meeting à Bordeaux. Toutefois, la teneur de leurs allocutions s’est modifiée à la suite de la chute du gouvernement dirigé par Bayrou.
Le Rassemblement national entame sa rentrée ce dimanche 14 septembre à Bordeaux, réunissant l’ensemble des cadres au Palais des Congrès. L’événement avait été planifié pour préparer les municipales, mais l’affaiblissement de François Bayrou et la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon ont bouleversé le programme.
Au programme de l’après-midi, un meeting réunissant Marine Le Pen et Jordan Bardella. À l’origine, les deux dirigeants devaient axer leurs discours sur la préparation des municipales de mars, enjeu majeur pour le parti. Toutefois, la chute de Bayrou a changé la donne. « Tout a été remanié », souffle un proche du RN.
Il faut s’attendre à deux discours particulièrement offensifs visant une seule cible: le président de la République. « Marine Le Pen pense qu’Emmanuel Macron profite du nommage de Lecornu pour gagner du temps et cela l’énerve », confie un élu mariniste. De plus, la dégradation de la note de la dette française va fournir du grain à moudre pour dénoncer huit années de macronisme qu’ils tiennent pour être à l’origine, selon eux, de la situation économique actuelle.
« On est nombreux à vouloir taper fort et vite »
Dans leurs rangs, ces derniers jours, la cheffe des députés du RN rappelle à ses troupes l’importance de se tenir prêts et que une dissolution peut survenir à tout moment. Ce recours au vote anticipé est même « inévitable » selon Marine Le Pen, qui mise sur une chute rapide de Sébastien Lecornu. Le Rassemblement national met d’ailleurs la pression sur le nouveau Premier ministre avec un slogan qui tourne en boucle ces derniers jours parmi les cadres du RN : « C’est soit la rupture soit la censure ».
Officiellement, le RN laisse une chance à Sébastien Lecornu. Marine Le Pen et Jordan Bardella prévoient de discuter avec le nouveau chef du gouvernement à Matignon dès qu’ils auront reçu leur carton d’invitation — ce qui n’était pas encore le cas samedi soir. Mais leurs discours se sont durcis ces dernières semaines, de sorte qu’il n’y a guère de doute sur les intentions du RN : « La probabilité d’une censure est très élevée, car il semble improbable que Lecornu ne fasse pas de macronisme », résume le porte-parole Laurent Jacobelli.
La question demeure : quand intervenir ? « Nous sommes nombreux autour de Marine Le Pen à vouloir agir fort et rapidement », confie un parlementaire influent. Probablement lors de l’examen du budget à l’automne. Mais pourquoi attendre pour passer à l’action ? Un lieutenant du mouvement explique que c’est « parce qu’environ 5 % de notre électorat a besoin d’être rassuré, de voir que l’on tente de négocier. Pour les retraités notamment, cette posture compte ».
Cette « coquetterie » contribue à préserver l’image du Rassemblement national en tant que parti capable d’assumer une conduite responsable.