On attend environ quinze mille spectateurs pour assister au tournoi d’e-sport qui associe des épreuves de pilotage automobile et des matchs de football.
Des bolides qui s’affrontent sur un terrain évoquant le football résume à peu près l’idée centrale du jeu en ligne Rocket League, dont la finale du championnat du monde est programmée les 13 et 14 septembre à Lyon, dans l’enceinte de la LDLC Arena. Il s’agit d’un rendez-vous pensé comme une première en France pour ce type d’événement. « Depuis les débuts, des joueurs français ont toujours figuré parmi les meilleurs du monde, mais on n’avait jamais eu l’occasion d’organiser une épreuve à domicile. C’est une étape attendue depuis si longtemps », témoigne Bruno, 34 ans, spectateur fidèle sur place.
Et le Rocket League World Championship s’avère déjà couronné de succès. Les billets se sont vendus en totalité en quelques heures, alors que des fans venus d’Arabie Saoudite ou d’Amérique du Nord ont fait le déplacement pour encourager leurs équipes. On évoque près de 15 000 spectateurs présents chaque jour sur le site, tandis que des centaines de milliers de personnes suivent les rencontres en direct en ligne. Pour la France, il s’agit d’une étape majeure, montrant sa capacité à accueillir des compétitions e-sport d’envergure.
Un jeu facile d’accès pour les spectateurs
Les voitures s’envolent, s’entrechoquent et se livrent à une partie de football miniature autour d’un ballon. Les joueurs doivent faire preuve d’agilité et de précision pour envoyer le ballon dans les cages adverses. En dix ans, Rocket League est devenu l’un des viviers les plus actifs de l’e-sport.« Les finales attirent en moyenne plus de 350 000 spectateurs en ligne, avec un pic proche de 468 000 en 2023, même si le jeu reste moins suivi et pratiqué que des mastodontes comme League of Legends et Counter-Strike », explique Nicolas Besombes, sociologue et membre de la fédération France Esport.
Ce qui explique le souffle du jeu ? Un mix d’images spectaculaires et des mécanismes très simples à appréhender pour n’importe quel téléspectateur. « C’est extrêmement intense et plein d’impondérables jusqu’à la dernière seconde. Contrairement à League of Legends, c’est facile à comprendre et à suivre », résume Franck, 35 ans, passionné du titre et administrateur d’un serveur Discord dédié à son actualité.
Les équipes françaises au centre de l’attention
Comme dans tout univers compétitif, c’est l’éditeur et développeur du jeu, Psyonix, qui organise la scène sportive. Le tournoi se déploie en « Majors » — des phases de qualification qui se jouent dans les grandes villes d’Europe ou d’Amérique — et se conclut ensuite par une grande finale, diffusée en direct sur la plateforme Twitch. La cagnotte totale atteint cette année 1,2 million de dollars pour les formations montantes sur le podium.
Deux formats s’affrontent ce week-end, dont une confrontation en 1 contre 1 entre le jeune Axel « Mawkzy » Timone et le Saoudien Hisham « Nwpo » Alqadi. Toutefois, l’épreuve majeure demeure les rencontres en trois contre trois, où les équipes tricolores peuvent tirer leur épingle du jeu. « Historiquement, on observe l’émergence de grandes structures qui perdurent, ce qui n’est pas le cas pour tous les jeux », explique Nicolas Besombes.
Karmine Corp, l’une des principales formations d’e-sport françaises, avait remporté début mars le tournoi de qualification organisé à Birmingham, en Angleterre. Bien qu’elle fasse figure de favorite, l’équipe dirigée par le streamer Kameto a été confrontée à un premier revers le 11 septembre, ce qui l’oblige à passer par une poule de rattrapage pour espérer accéder aux huit places finales. La Team Vitality connaît une situation similaire. Parmi les prétendantes au titre figure aussi la Team Falcons, financée par l’Arabie saoudite, qui avait remporté le Major de Raleigh, aux États‑Unis, en juin dernier.
Une manière pour la France de rayonner dans l’univers de l’e-sport
Par le passé, la France a déjà accueilli plusieurs finales de compétitions e-sport, notamment celle de League of Legends en 2019 et Counter-Strike en 2023. Cette année, la finale du jeu Valorant se déroulera également à Paris et Evry-Courcouronnes. « C’est une forme de soft power : accueillir de grandes compétitions permet de mettre en lumière l’expertise française dans l’organisation d’événements, avec de belles images. Cela renforce l’attractivité du pays pour d’éventuels futurs rendez-vous, tout en générant des retombées économiques et touristiques », résume Nicolas Besombes.
Alors pourquoi Lyon ? « Parce que l’éditeur de Rocket League sait qu’il existe une culture locale d’e-sport et que les Français rempliront la salle en assurant une belle audience. » La LDLC Arena, pensée comme une arène de 16 000 places avec une zone centrale et des écrans géants, était parfaitement adaptée pour accueillir une compétition de ce niveau. Le 6 et 7 septembre derniers, la salle avait d’ailleurs été choisie par Epic Games — développeur de Fortnite — pour accueillir la finale mondiale du même éditeur. Robbie Douek, PDG de Blast, principal organisme organisateur d’événements e-sport, affirme que « la France est en train de devenir l’une des grandes places du jeu vidéo », selon l’Agence France-Presse, ce qui pose les bases d’un véritable pouvoir dans l’e-sport.