Marc Fesneau, qui assure la fonction de président du groupe Modem à l’Assemblée et qui fut autrefois ministre de l’Agriculture, est réapparu dans l’émission « La politique s’éclaire » afin d’évoquer son soutien au Premier ministre à l’approche du vote de confiance.
Ce passage provient d’une portion de la retranscription de l’interview mentionnée plus haut. Cliquez sur la vidéo pour la visionner dans son intégralité.
Brigitte Boucher : Vous êtes l’un des compagnons de longue date de François Bayrou sur son parcours politique. Vous allez donc accorder votre confiance lundi, même si vous savez que l’issue est incertaine ?
Marc Fesneau : Ce n’est pas parce qu’un combat est ardu et qu’il paraît perdu qu’il faut nécessairement renoncer. Il existe des combats qu’il faut mener, même lorsqu’ils semblent impossibles ou difficiles.
Alors, ce combat serait-il voué à l’échec ?
Manifestement, ce que l’on voit résulte de la rencontre de plusieurs forces politiques qui refusent… d’affronter le défi que représente la dette. Car la question posée lundi ne porte pas sur la confiance envers le gouvernement Bayrou, ni même sur l’accord avec les mesures du budget, mais sur la nécessité de reconnaître que le sujet de la dette mérite d’être pris au sérieux, d’abord en l’identifiant et en examinant la trajectoire à suivre pour adopter ensuite les mesures qui s’imposent. Manifestement, un certain nombre d’acteurs manifestaient une forme de refus d’obstacle, un déni de la réalité de la dette, parce que les solutions proposées ne visent pas, en priorité, à réduire les dépenses mais à augmenter les recettes.
Sauf que vous êtes aligné avec le gouvernement depuis 2017 et, depuis lors, la dette a augmenté d’un milliard. Ce n’est pas seulement la faute des oppositions actuelles.
Chacun doit prendre sa part, donc ne point rejeter sur autrui la question de la dette.C’est avant tout une question économique. Il ne s’agit pas de chercher des boucs émissaires parmi nous, car collectivement nous avons tous hésité à regarder ce problème de la dette. Il ne s’agit pas non plus de pointer du doigt qui que ce soit, ni des forces politiques, ni des catégories. Or, si nous ne prenons pas conscience collectivement qu’un problème existe et que l’horizon, la trajectoire… implique 100 milliards de remboursements des annuités de la dette en 2029, cela signifie que ces 100 milliards ne seront pas disponibles pour l’éducation, pour la santé, pour la transition écologique. C’est ce que révèle la Cour des comptes. Ce sont les chiffres qui parlent. Il ne s’agit pas uniquement de chiffres : ce sont les faits. Il serait utile que chacun examine ces données et, ensuite, que nous nous attelions ensemble à trouver des solutions.
Il existe un contre-budget proposé par exemple par le Parti socialiste prévoyant un effort de 22 milliards au lieu de 44 milliards.
Ce n’est pas un vrai effort de 22 milliards. L’estimation porte plutôt sur une réduction des dépenses comprise entre 4 et 7 milliards. Le reste proviendrait d’impôts supplémentaires. Les 22 milliards seraient prélevés sur les entreprises. C’est comme continuer à tarir le tonneau des Danaïdes. Car si la dette progresse à ce rythme et que l’on cherche seulement à colmater les dépenses avec une petite casserole, on n’atteindra pas l’objectif.
Pourtant, on affirme que le plan proposé par François Bayrou dans le cadre du projet n’entraîne pas assez d’économies ni de réformes structurelles.
Or, le budget comporte des mesures d’économies, telle que l’année blanche, ainsi que des mesures d’économies dans le cadre de l’assurance sociale, ce qui alimente d’ailleurs une certaine controverse. C’est dans ces volets que se situent les possibilités d’économies. Par ailleurs, il faut peut-être aussi rappeler ce qui a été moins mis en lumière : le projet de loi anti-fraude et la perspective d’un revenu social unique, qui permettent de faire converger les dispositifs, d’éviter des effets collatéraux et de prévenir les dévoiements des systèmes, ce qui représente aussi des économies potentielles. Par ailleurs, il convient d’adopter une approche en deux volets : d’une part réduire les dépenses et, d’autre part, accroître la production de richesse, car les recettes publiques proviennent des impôts, des cotisations et, bien sûr, des salaires des citoyens pour soutenir la consommation. Ainsi, il s’agit de deux volets complémentaires : économies et augmentation de la production, car un pays ne peut progresser en produisant moins.
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