Julien Oudoul, député du RN pour l’Yonne, s’est présenté comme l’invité politique de 42mag.fr ce jeudi 16 octobre afin de discuter de la suspension de la réforme des retraites, des enjeux budgétaires et des deux motions de censure déposées contre le gouvernement, au micro d’Alix Bouilhaguet.
Cette portion de la retranscription du reportage mentionné ci-dessus est ici reproduite. Pour le visionner en intégralité, cliquez sur la vidéo.
Alix Bouilhaguet : Le 16 octobre, à 9 heures, Sébastien Lecornu devra affronter deux motions de censure : celle déposée par les députés de la France insoumise, et celle présentée au nom du Rassemblement national. Pensez-vous qu’elles aient une chance réelle d’aboutir, ou s’agit-il surtout d’un coup politique symbolique ?
Julien Oudoul : À mon avis, elles peuvent effectivement passer. Si les opposants jouent réellement leur rôle, si les élus LR et les socialistes retrouvent du courage pour défendre l’intérêt des Français plutôt que de poursuivre leurs calculs politiciens, alors oui, ces motions peuvent être adoptées. Aujourd’hui, on observe une soumission totale des LR et des socialistes à un budget extrêmement inégalitaire, et à un projet qui poursuit et intensifie le macronisme. Cette situation ne peut pas durer.
Alix Bouilhaguet : Pourtant, en décidant de mettre en pause la réforme des retraites, Lecornu semble bloquer la position des socialistes, ce qui pourrait lui offrir un peu de répit.
Julien Oudoul : Je n’emploierais pas le mot “verrouillage”, mais plutôt celui d’un achat, voire d’une arnaque. Les socialistes s’accommodent d’une promesse séduisante en apparence, mais sans substance : cette suspension ne bloque en rien l’application d’une réforme des retraites qui est injuste sur le plan social et inefficace sur le plan économique. Pour préserver leurs sièges et leurs privilèges, ces députés sont prêts à tout. Les tractations en cours le montrent clairement.
Alix Bouilhaguet : En pratique, le gouvernement propose de mettre la réforme en pause jusqu’à la présidentielle, sans relever l’âge de départ avant janvier 2028 et tout en maintenant la durée de cotisation à 170 trimestres. Cela viserait 3,5 millions de Français. Or vous dites non, alors que vous étiez farouchement opposés à la réforme Borne en 2023. Quelle est la logique ?
Julien Oudoul : La logique réside dans ce qui accompagne cette suspension : 20 milliards d’euros de taxes supplémentaires, le gel des pensions, le gel du barème de l’impôt sur le revenu… On frappe encore les travailleurs. À cela s’ajoute le doublement des franchises sur les prothèses et autres équipements médicaux, ainsi que la fiscalisation des jobs étudiants pour ceux qui vivent chez leurs parents. Tout cela est profondément injuste et ne répond pas aux besoins des Français.
Alix Bouilhaguet : Concrètement, cette suspension sera présentée sous forme d’amendement dans le cadre du budget. Cela signifie-t-il que vous refuserez de voter cet amendement ?
Julien Oudoul : Nous adopterons une approche progressive. D’abord, le vote sur la motion de censure permettra de distinguer les députés opposés au macronisme de ceux qui veulent le maintenir. Nous observerons si les LR restent entièrement alignés avec le gouvernement et si les socialistes accepteront un budget de purge sociale simplement pour garder leurs privilèges.
Alix Bouilhaguet : Et si Lecornu survit aux motions de censure, voterez-vous contre cet amendement ?
Julien Oudoul : Aujourd’hui est un jour de vérité. L’Assemblée doit mettre fin à ce cirque et à cette instabilité continue. Le gouvernement doit tomber. Nous ne pouvons plus accepter ces négociations et manœuvres dilatoires. Il faut une autre politique, qui passera par une dissolution et une nouvelle majorité, que j’espère voir dirigée par Jordan Bardella à Matignon.
Alix Bouilhaguet : Le gouvernement propose aussi une grande conférence sociale sur les retraites, abordant l’attractivité, la pénibilité, l’usure au travail… Cela concerne pourtant des millions de Français. Est-ce insuffisant selon vous ?
Julien Oudoul : Cela ressemble à une version réchauffée. Ces réunions ne servent qu’à gagner du temps et à alimenter la confusion du débat. Comme avec Bayrou ou d’autres gouvernements macronistes, l’objectif est d’empêcher le Rassemblement national d’accéder au pouvoir. Mais tôt ou tard, nous y arriverons.
Alix Bouilhaguet : Donc vous refusez la suspension de la réforme. Est-ce aussi un refus du budget lui-même ?
Julien Oudoul : Ce budget est extravagant et dangereusement risqué sur le plan fiscal. Alors que le pays est déjà lourdement imposé, imposer 20 milliards d’euros supplémentaires est inacceptable.
Alix Bouilhaguet : Même pour des mesures telles qu’une contribution des grandes entreprises ou une taxe sur les hauts revenus ? Ou un assouplissement de la trajectoire budgétaire, comme proposé par le gouvernement avec 31 milliards au lieu des 44 ou 50 prévus par d’autres ?
Julien Oudoul : Oui, nous disons non. Ces mesures, même si elles bénéficient d’un soutien populaire, ne résolvent pas les vrais défis : gaspillage, train de vie de l’État, dépenses publiques mal maîtrisées. Rien n’est retiré des dispositifs destinés aux étrangers en situation irrégulière, ce qui est profondément choquant. Des parlementaires LR, comme M. Retailleau, qui réclamaient une refonte de l’aide médicale d’État, se satisfont de ce budget qui est totalement injuste, inefficace et dangereux pour nos services publics.
Cette portion de la retranscription du reportage ci-dessus est présentée ici. Pour regarder l’intégralité, cliquez sur la vidéo.