On peut se demander si la mission confiée à Sébastien Lecornu a permis de faire sortir la France de la crise et de garantir un budget pour l’année qui vient. Le Premier ministre démissionnaire a poursuivi ses consultations durant toute la journée du 8 octobre. Finalement, vers 18 heures, il s’est rendu à l’Élysée pour présenter à Emmanuel Macron les conclusions de son travail.
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Le 8 octobre, on annonçait que la crise pourrait trouver son épilogue. Deux jours après l’ultimatum lancé par Emmanuel Macron, Sébastien Lecornu réapparaît au micro et entrevoit une voie de sortie: « Il existe une volonté pour la France d’établir un budget avant le 31 décembre de cette année. Et cette détermination crée un mouvement et une convergence qui éloignent les perspectives d’une dissolution. »
Plus question de dissoudre l’Assemblée, affirme-t-il: les négociations semblent progresser. Ce n’est toutefois pas l’avis du Parti socialiste, qui a été reçu ce matin par Lecornu. Olivier Faure, qui ambitionne Matignon, se montre plus dubitatif: « Le projet de budget tel qu’il est présenté aujourd’hui ne peut pas être le nôtre. D’ailleurs, je veux mettre fin, à ce stade, à toutes les élucubrations d’un gouvernement commun avec la Macronie. C’est inimaginable. » Marine Tondelier, secrétaire nationale des écologistes, ajoute même: « La seule solution aujourd’hui, c’est un Premier ministre de gauche et écologiste. »
La farce a duré suffisamment longtemps
Tandis que la gauche poursuit les négociations à Matignon, La France insoumise subit un revers à l’Assemblée nationale. Sa motion visant à destituer le président ne sera pas présentée. Le bureau de l’Assemblée refuse le dépôt et les députés du RN s’abstiennent. Pendant ce temps, à quelques centaines de kilomètres de Paris, une autre opposante ne lâche pas prise.
En déplacement pour le sommet consacré à l’élevage en Auvergne, Marine Le Pen est catégorique. Pour elle, il n’est plus question de négocier: « Je coupe court. Voilà. Là, maintenant, on stoppe. La plaisanterie a assez duré. » Elle n’a pas peur de la dissolution, contrairement à d’autres partis, selon elle: « Ils meurent de peur de revenir devant les électeurs. Quand on est élu et qu’on craint de devoir affronter les électeurs, il faut arrêter d’être élu. Il faut changer de cap. Parce que le spectacle actuel est désespérant. »
Et maintenant, quelle issue ?
À la mi‑journée, aucun indice clair n’avait émergé. Que va décider l’Élysée ? Dissoudre, maintenir le Premier ministre en fonction, ou en nommer un autre ? En attendant, le président s’occupe des affaires étrangères et reçoit Son Altesse le prince de Jordanie. Il ne reste plus que quelques heures pour trancher. Les députés macronistes perdent patience, certains s’irritant d’apprendre que Matignon pourrait céder sur la réforme des retraites. Dans leurs boîtes mail, les députés Renaissance expriment leurs divisions: « Est-ce à nous de dilapider notre propre patrimoine ? », « Époustouflé », « Si nous sommes incapables de faire des concessions, nous n’y arriverons pas », « On aurait pu en discuter, non ? »
Réunie dans l’hôtel parisien où elle a établi son campement depuis quelques jours, la gauche, à l’exception du PS, prépare toujours d’éventuelles élections législatives. Il vaut mieux être préparé à tous les scénarios, nous confient‑on. Ce soir, Sébastien Lecornu a échangé avec Emmanuel Macron. Le dénouement de cette crise politique trouvera‑t‑il une réponse ? La réponse se trouvera dans l’interview de Sébastien Lecornu sur France 2.