Une économie qui traîne, des chefs d’entreprise inquiets, une confiance qui s’érode et une France qui emprunte sur les marchés à des niveaux exceptionnellement élevés : l’instabilité politique qui secoue le pays se chiffrera en milliards d’euros.
Cette portion du texte est extraite de la transcription du reportage évoqué ci-dessus. Pour voir l’intégralité, cliquez sur la vidéo.
L’inquiétude face à l’incertitude de l’avenir ne lâche pas Adeline Laurent, soignante intervenant dans un hôpital, depuis que le gouvernement a démissionné, lundi 6 octobre. «Je suis infirmière dans un établissement de soins. Nous sommes fortement touchés car les budgets se réduisent et les effectifs diminuent. Je pense que la santé doit rester une priorité en France.»
L’impasse politique pèse sur les esprits et sur l’ensemble de l’économie française. Un exemple illustratif se voit dans une conserverie qui emploie 18 salariés. Le dirigeant a été contraint de mettre en pause les recrutements et les investissements. Pas d’autre choix, selon lui, compte tenu des difficultés à se projeter. «Nous étions autour de 1,2 à 1,3 emploi créé par an depuis la reprise de l’entreprise en 2011. Cette année, nous n’avons pas procédu00e9 à de recrutement. Nous avons enregistré un départ à la retraite non remplacé cette année. Donc, nous allons travailler avec moins d’heures», détaille Jean-Marc De Winter, PDG de la conserverie Alain Martin.
15 milliards d’euros de manque à gagner pour la France depuis juin 2024
Dans l’ensemble, depuis juin 2024, cette incertitude aurait entraîné une perte de 15 milliards d’euros pour l’économie française selon l’OFCE, avec un premier impact notable sur l’emploi. Dans un groupe d’agences d’intérim, les sollicitations de main-d’œuvre ont chuté d’environ 5 % depuis le début de l’année 2025. « L’absence de lisibilité sur les orientations économiques, notamment la politique fiscale du gouvernement, pousse nécessairement les acteurs économiques et donc les entreprises à la prudence et les amène à se dire : d’accord, j’attends de voir ce qui va être décidé, avant d’adopter des choix importants d’embauche ou d’investissement pour l’année 2026 », explique Benoît Derigny, président de ManpowerGroup France.
Des embauches gelées, des investissements au point mort, et c’est l’ensemble de l’économie qui en pâtit. Hervé Delepierre, artisan pâtissier à Faches-Thumesnil (Nord), redoute d’ailleurs une flambée des taux bancaires : « On va être touchés peut-être dans six mois. On va dire : Tiens, on fait un prêt. On va nous dire : Monsieur, c’est 5 % maintenant. » Un contexte qui a aussi des répercussions sur la dette : les taux d’intérêt à dix ans auxquels l’État emprunte ont augmenté depuis lundi.
Parmi nos sources consultées :
Eric Heyer (OFCE)
Article paru sur BFM
Enquête sur le terrain
ManpowerGroup
Liste non exhaustive