« Encore une fois, fidèle à ce qui se passe habituellement, c’est le Rassemblement national qui vient sauver Emmanuel Macron », a regretté mercredi la présidente du groupe La France insoumise à l’Assemblée, Mathilde Panot.
Échec cuisant pour La France insoumise: la motion visant à destituer le chef de l’État a été écartée pour irrecevabilité par le bureau de l’Assemblée nationale, mercredi 8 octobre. Seule la gauche a pris part au vote en la soutenant, tandis que le Rassemblement national a choisi l’abstention. Au total, cinq voix en faveur, dix opposants et cinq abstentions lors d’une séance de la plus haute instance dirigeante de la Chambre basse, dont la composition a été renouvelée la semaine précédente, ce qui a fait disparaître la majorité de la gauche.
« C’est encore une fois, comme d’habitude, le Rassemblement national qui sauve Emmanuel Macron », a déclaré la présidente du groupe LFI à l’Assemblée, Mathilde Panot. Il faut aussi noter l’absence de deux voix de gauche, car deux députés ne pouvaient pas participer à la réunion du bureau.
Les députés insoumis demandent le départ d’Emmanuel Macron depuis l’été 2024 et dénoncent son refus de nommer un Premier ministre de gauche. Ils escomptaient franchir cette étape de recevabilité pour ouvrir un débat en commission des lois et, le cas échéant, dans l’hémicycle. En 2024, ils avaient déjà déposé deux motions de destitution, jugées recevables à une période où le bureau de l’Assemblée était dominé par la gauche.
Un moment charnière
Le vote intervenu mercredi est survenu à un moment crucial, selon le groupe LFI, car la responsabilité du chef de l’État dans le désordre politique ne fait plus aucun doute. D’après eux, 70 % des Français souhaiteraient son départ, et les appels à sa démission se multiplient, y compris au sein du socle commun des opinions.
Conformément à la Constitution, le président de la République « ne peut être destitué qu’en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatibles avec l’exercice de son mandat ». Quoi qu’il en soit, mener à bien une procédure de destitution dans le contexte politique actuel semblerait pratiquement irréalisable, car elle nécessiterait une majorité des deux tiers dans les deux assemblées, puis une majorité des parlementaires réunis en Haute Cour. Or, le Sénat est dominé par l’opposition de droite et du centre, peu enclins à soutenir cette initiative, et même à l’Assemblée, la gauche demeure divisée sur le fond, les socialistes s’opposant globalement, bien qu’ils aient voté favorablement pour la recevabilité mercredi.