Sébastien Lecornu a frôlé la censure de peu, avec une marge de 18 voix, ce jeudi matin du 16 octobre. L’Assemblée nationale a rejeté les deux motions de censure déposées par La France insoumise et le Rassemblement national à l’encontre du gouvernement. L’exécutif est sauvé, mais il demeure sous surveillance.
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Il vient tout juste d’échapper à la censure. À 12h29, Sébastien Lecornu quitte l’Assemblée nationale à pied, le visage détendu et soulagé. « Il fallait que les débats puissent démarrer et ils vont démarrer. Après, je ne vais pas commencer à bavarder, à faire des déclarations tout le temps. Donc, au travail », a déclaré le chef du gouvernement. En allant de l’avant rapidement, le chef du gouvernement sait sa position fragile. Son maintien, ainsi que celui de ses ministres, s’est joué à 18 voix près.
La France insoumise a ouvert les hostilités contre l’exécutif dès l’ouverture de la séance : « Nous continuerons le combat et nous en serons », a assuré à la tribune Aurélie Trouvé, députée LFI. Peu après, Marine Le Pen a enchaîné avec une seconde salve, prédisant que tôt ou tard, une dissolution sera nécessaire. « Et vous devrez, le regard bas et l’allure défaite, revenir devant vos électeurs avec le déshonneur de ceux qui, pendant des mois, auront joué la montre », a martelé la dirigeante du groupe du Rassemblement national.
Du côté gouvernemental, Lecornu encaisse les attaques avant de répliquer à la tribune. « Vous avez été candidate à l’élection présidentielle en 2017. Vous avez été battue. Vous avez été candidate à l’élection présidentielle en 2022. Vous avez été battue », a-t-il rappelé à l’ancienne candidate.
La réplique de La France insoumise
Les parlementaires doivent ensuite se prononcer. À 11h40, le verdict tombe : « Pour l’adoption, 271 ». Il manquait 18 voix pour renverser la motion de censure. Le camp présidentiel peut souffler. « Les Français ont besoin de savoir que nous sommes tous au travail, que nous avons tous envie de consolider cette situation, de leur donner un budget », a commenté Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale.
Si le camp mélenchoniste affiche une mine sombre, il n’est pas question d’abandonner. « Nous lançons un appel solennel à la résistance populaire et parlementaire pour continuer de lutter contre ces budgets cruels », a annoncé Mathilde Panot, chef des députés insoumis.
PS et LR posent leurs conditions
En embuscade ; les députés socialistes, sept d’entre eux ayant voté la censure contre l’avis du parti, tandis que les 62 autres ont choisi d’accorder au gouvernement une chance, mais en échange de la suspension de la réforme des retraites. « Si le gouvernement ne tenait pas ses engagements, je pense notamment à la suspension de la réforme des retraites, il va de soi que nous censurerions immédiatement », a souligné Olivier Faure, chef du Parti socialiste.
Le PS souhaite aller plus loin dans le prix de son soutien, en plaidant pour une taxe sur les revenus les plus élevés et en incitant le gouvernement à reculer sur certaines mesures d’économie, surtout en matière de santé, tandis que Les Républicains s’opposent à toute hausse d’impôt et réclament un durcissement sur l’immigration. Pour Sébastien Lecornu, le chemin reste risqué.