À l’approche de l’échéance supposée finale des discussions que pilote le Premier ministre Sébastien Lecornu avec les formations politiques variées, les lycéennes et lycéens expriment une profonde désillusion face à la crise politique qui agite l’actualité.
À l’approche d’une nouvelle prise de parole de Sébastien Lecornu, programmée pour le mercredi 8 octobre, une certaine lassitude s’empare d’une partie de la population. Parmi eux, les jeunes adolescents et les lycéens, qui traversent cette période d’incertitude sans en être convaincus.
Au lycée François-Villon à Beaugency, dans le Loiret, existe une option dédiée à l’éducation aux médias. Toutefois, même parmi les élèves qui la suivent, certaines adolescentes observent la crise politique avec une distance frappante : « Je n’ai pas du tout suivi l’affaire. Je l’ai seulement vue sur les réseaux et je me suis dit que c’était encore le tollé », souffle une jeune fille.
D’autres connaissent les derniers rebondissements, mais le constat demeure globalement le même : « Un Premier ministre qui part puis qui revient… C’est le chaos. On n’y comprend plus rien. » « Qui est à la tête du pays ? Comment cela se passe-t-il ? Oui, ça nous submerge », répètent en chœur deux amies.
« Emmanuel Macron n’est pas foncièrement mauvais, mais là, il semble qu’il n’y a plus rien à attendre »
un lycéen du Loiretà 42mag.fr
Ces élèves, malgré leur jeune âge, entretiennent toutefois une petite idée des leviers dont peut désormais disposer Emmanuel Macron : « La dissolution est envisageable, mais je doute qu’il puisse démissionner. Je n’ai jamais vu de président quitter son poste de cette façon jusqu’à présent, et cela ne me semble pas imaginable« , explique un jeune garçon. « Emmanuel Macron n’est pas parfait comme président, mais on s’adapte car ce n’est pas le pire non plus », ajoute son amie.
Fatigués par les débats politiques
Ces élèves ne dépassent pas la douzaine d’années, mais l’apparition d’un certain ennui s’insinue déjà vis-à-vis de la politique : « Il va falloir que je commence à suivre l’actualité bientôt, car dans quelques années, je serai appelé à voter. Ça ne m’enchante pas vraiment. Je vois que c’est le foutoir et je n’ai pas envie de m’y intéresser », lance une élève.
Une autre prend la parole : « Ça m’angoisse, car l’extrême droite progresse. Le centre droit et le centre gauche n’arrivent pas à s’allier pour former une coalition et espérer remporter », déclare la jeune femme.
« On dirait des enfants qui se disputent entre eux »
un lycéen du Loiretà 42mag.fr
Les rebondissements récents, survenus ces derniers jours et semaines autour des plus hautes sphères de l’État, ont tendance à lasser ces lycéens : « Quand on les voit débattre entre eux, cela ne donne pas vraiment l’image de personnes sérieuses, mûres, adultes, avance un adolescent, puis se demande « Ça donne envie de s’engager pour changer les choses, mais en même temps, c’est déprimant, on n’a pas envie de s’approcher de… ce truc-là ».
La crainte d’un désengagement des jeunes est également partagée par leur enseignant, Éric Fardel : « C’est un sujet qui agite la salle des professeurs, car nous sommes complètement déstabilisés. Je redoute le risque d’un sentiment de lassitude qui touche déjà les adultes et qui, tôt ou tard, gagnera les élèves. J’appréhende une diminution de l’investissement, un désintérêt pour ce qui touche à la sphère politique en général », déplore l’enseignant d’histoire-géographie.
Inévitablement, l’actualité continuera sans doute d’alimenter les cours de ce professeur, fréquemment interrogé par ses étudiants.