La pression sur le marché des métaux indispensables à la fabrication des puces électroniques s’accentue, rendant l’approvisionnement de plus en plus incertain. Bruxelles élabore des mesures visant à soutenir les secteurs touchés par cette situation.
La capitale chinoise a récemment dévoilé une série de mesures restrictives visant les exportations de technologies associées aux terres rares. Ces limitations portent un coup dur à l’Europe et aux États‑Unis, touchant des pans entiers de l’industrie. En tant que premier producteur mondial, la Chine assure environ 90 % de la production de ces métaux, indispensables notamment dans les composants électroniques des firmes du secteur numérique, mais aussi pour l’automobile, l’énergie et l’armement.
À Bruxelles, une réunion d’urgence est en cours. Elle a démarré le lundi 20 octobre et doit se poursuivre mardi 21, en visioconférence sous l’égide du vice‑président de la Commission, le Français Stéphane Séjourné. Autour de la table se retrouvent les dirigeants des domaines les plus directement affectés par ces restrictions: dans l’automobile, les responsables de Volkswagen et de Stellantis; dans l’aéronautique, l’espace et la défense, Airbus et Safran; dans les secteurs des puces et de l’énergie éolienne, les représentants de Bosch et de Siemens. Les situations varient selon les secteurs, indiquant qu’un ensemble d’actions coordonnées sera nécessaire.
Face à l’urgence, réduire les délais d’exploitation
Première étape: assurer une production européenne de terres rares afin de gagner en autonomie, car les ressources locales sont nettement moins abondantes que celles de la Chine, voire moins que certains pays africains. Puis il sera indispensable de mettre d’accord sur des mécanismes d’achats et de stockage partagés afin de réduire les coûts, tout en donnant la priorité au recyclage, qui demeure complexe à mettre en œuvre. On est ici dans une nouvelle phase de tensions commerciales entre Pékin et Washington, et l’Europe en subit les conséquences collatérales.
Si l’on regarde le territoire européen, il n’y a pas d’abondance comparable à celle de la Chine, mais quelques ressources demeurent exploitables. Les régions les plus prometteuses se trouvent en Norvège, qui héberge le plus gros gisement du continent; en Ukraine, riche en réserves mais qui attire aussi l’attention des autorités américaines; puis en Serbie et au Royaume‑Uni. En France, de petites réserves existent, localisées surtout en Bretagne et dans le Massif central. Actuellement, l’Union européenne exige un délai d’environ dix ans pour remettre en marche une mine. Le commissaire Stéphane Séjourné vise à réduire ce cap à deux ans afin d’éviter d’éterniser les procédures et de gagner ainsi près de huit années dans le cadre de l’urgence.