Les moins de 35 ans forment le groupe consommateur de ce gaz hilarant, dont les effets peuvent être aussi dangereux que ceux de l’alcool ou du cannabis.
La Fondation Vinci autoroutes lance une initiative de prévention concernant l’usage du protoxyde d’azote au volant, selon des informations relayées par France Inter et 42mag.fr ce jeudi 23 octobre. L’observatoire dédié à la sécurité routière publie une enquête réalisée par Ipsos sur l’usage récréatif de ce gaz hilarant chez les jeunes.
Après inhalation, le gaz procure une poussée euphorique qui dure environ une minute.Les résultats de l’étude, qui s’appuie sur un échantillon de plus de 2 200 personnes, montrent que les 35 ans et moins constituent le cœur des consommateurs du protoxyde d’azote. Concrètement, un jeune sur 10 de moins de 35 ans a déjà utilisé ce gaz lors d’une soirée entre amis, et parmi eux, un sur deux l’a fait en conduisant.
Un risque largement sous-estimé
On apprend aussi que 7 % des moins de 35 ans ont déjà été passagers d’un véhicule dont le conducteur avait inhalé du protoxyde d’azote.Parallèlement, la Fondation Vinci autoroutes estime que le nombre d’accidents routiers « imputables au protoxyde d’azote » est en augmentation. Il faut ajouter que près d’un pan important de Français, et en particulier les moins de 25 ans, ne perçoivent pas la dangerosité d’une conduite sous l’emprise de ce gaz.
Ainsi, 10 % des jeunes de 16 à 24 ans estiment que prendre du protoxyde d’azote en conduisant n’est pas risqué (9 % chez les moins de 35 ans) et 11 % pensent qu’être passager dans une voiture dont le conducteur a consommé ce gaz n’est pas risqué non plus (11 % chez les moins de 35 ans).
« On n’est pas surpris, mais on est loin d’avoir anticipé l’ampleur du phénomène, c’est extrêmement préoccupant », réagit à 42mag.fr Guillaume Grzych, président de l’association Protoside, affiliée au CHU de Lille. « On voit de plus en plus de patients, depuis quatre ou cinq ans, dans les services hospitaliers avec des séquelles liées à l’usage chronique du protoxyde d’azote », confirme-t-il. Les chiffres augmentent depuis des années et nous tirons la sonnette d’alarme depuis longtemps, ajoute le biologiste.
Des effets similaires à ceux de l’alcool ou du cannabis
Le souci majeur est que les effets de ce gaz peuvent présenter des dangers importants. « Pendant une minute, on ressent une euphorie », explique Bernadette Moreau, déléguée générale de la Fondation Vinci autoroutes, à France Inter. « Les autres effets ressemblent à ce que l’on peut observer avec l’alcool ou le cannabis, mais les consommateurs n’en mesurent pas la gravité. » Elle rappelle que les effets peuvent persister bien après l’inhalation et entraîner « des troubles neurologiques graves et des complications vasculaires ».
La consommation de protoxyde d’azote au volant a été fatale au fils d’Amandine, Keny, en 2020. Il était passager dans une voiture dont le conducteur avait inhalé le gaz et, croyant être dans un avion, a percuté un arbre. Elle milite désormais pour que ce comportement soit considéré comme une circonstance aggravante en cas d’accident. « Je suis en colère, et je ne comprends pas pourquoi un produit aussi néfaste, qui fait perdre tout contrôle sur le véhicule, peut être autorisé », déplore-t-elle.
Ces bonbonnes de protoxyde d’azote se retrouvent « partout en France, même dans les villages les plus reculé s », constate le président de Protoside. « C’est très difficile à encadrer juridiquement, et ils se procurent ces quantités via les réseaux sociaux, donc l’accès est très aisé », souligne-t-il. Il plaide pour des moyens scientifiques permettant d’établir des méthodes de détection fiables. En l’occurrence, la consommation de protoxyde d’azote n’est pas détectable comme le cannabis ou l’alcool lors d’un contrôle routier. « Il manque des outils de prévention et des financements pour les mettre en œuvre », ajoute Grzych.







