La suspension de la réforme des retraites occupe les négociations finales à Matignon mercredi, visant à sortir la crise politique actuelle.
La suspension de la réforme des retraites ne peut être qu’une étape vers l’abrogation, affirme le mercredi 8 octobre sur 42mag.fr la dirigeante de la CGT, Sophie Binet. Cette suspension est désormais au cœur des discussions finales à Matignon, visant à sortir de la crise politique, le PS déclarant n’avoir obtenu aucune garantie de Sébastien Lecornu, alors que la droite et une partie du camp présidentiel considèrent cela comme une ligne rouge.
La veille, l’ancienne Première ministre et actuelle ministre de l’Éducation démissionnaire a, pour la première fois, ouvert la porte à cette option lors d’un entretien accordé au Parisien. « C’est une sage mesure que de bloquer, voire d’abroger cette réforme qui est à l’origine de la crise démocratique dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui », déclare Sophie Binet. Selon la présidente de la CGT, le passage en force d’Emmanuel Macron sur ce sujet a été sanctionné par les urnes, entraînant la perte de toute majorité. « Tant qu’il n’y aura pas de réponse aux urgences sociales, on ne sortira pas de la crise démocratique », affirme-t-elle.
Nous sommes plongés dans une situation totalement ubuesque
La Cour des comptes évalue le coût de la suspension de la réforme des retraites à environ 13 milliards d’euros annuels d’ici 2035, en se basant sur un départ à la retraite fixé à 63 ans. En ce qui concerne le coût de l’abrogation, Sophie Binet estime le chiffre autour de 3 milliards d’euros pour 2026. Elle propose de financer cette mesure en élargissant l’assiette des cotisations, en y intégrant l’intéressement, la participation et les primes. « Cela permet de créer des droits supplémentaires pour les salariés et surtout des ressources immédiates pour pouvoir financer l’abrogation de la retraite », précise-t-elle.
Sophie Binet prononce un jugement sévère sur la crise politique et économique que traverse le pays : « On est dans une situation totalement ubuesque qui ridiculise d’ailleurs la France aux yeux de nombreux observateurs étrangers », affirme-t-elle, attribuant cette situation à ce qu’elle décrit comme un quinquennat cataclysmique du chef de l’État. « Il avait été élu pour faire barrage à l’extrême droite en 2022 et, au lieu de cela, il a déroulé sa réforme des retraites et une politique de l’offre, au service des grands patrons et des puissants. Et l’extrême droite n’a jamais été aussi forte en France », conclut-elle.