Après avoir clos le bilan et sa réforme des retraites, le président demeure observateur de la vie politique.
Emmanuel Macron demeure attaché à sa réforme des retraites et poursuit sa défense, arguant qu’elle est, à ses yeux, « utile pour le pays ». Cependant, l’alternative aurait été le chaos. Le président n’avait pas d’autre option possible. Le coût personnel de cette décision fut élevé et ce n’était pas une démarche facile. Dans les couloirs de l’Élysée, on rappelle que « les faits sont têtus » et que « le réel est toujours là ». Il lèvera peut-être une partie du fardeau pour son successeur en 2027, qui devra réformer le système pour des motifs démographiques et économiques, mais lui n’a aujourd’hui plus prise sur ce « réel ».
Le chef de l’État concède qu’il n’a pas su convaincre l’opinion publique – le temps a passé et il s’est résolu à s’aligner sur les arguments du Premier ministre afin d’obtenir un décalage par rapport à la seule réforme majeure de son deuxième mandat.
Un aveu d’impuissance ?
Oui, on murmure dans son entourage que le président « ne pilote plus » autant qu’avant, mais il « ne veut pas non plus bloquer » le fonctionnement des institutions. Macron affirme vouloir revenir à l’esprit même de la Constitution et à l’application de son article 20, selon lequel « le gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation ». Pour lui, il ne s’agit pas d’une cohabitation, car Sébastien Lecornu ne tire pas sa légitimité d’une autre majorité. Le Premier ministre ne le contraint pas, et Emmanuel Macron demeure consentant sur les retraites comme sur le reste, mais il n’est plus réellement responsable ni décisionnaire. En pratique, il a perdu une partie du pouvoir au profit du gouvernement et du Parlement. Face à cette configuration institutionnelle inédite, faute de majorité, il invite les forces politiques qui refusent la dissolution à dialoguer et les pousse vers le compromis.
En définitive, Emmanuel Macron cherche à trouver une manière de « présider autrement », pour reprendre le slogan de campagne qui n’a guère souri à Lionel Jospin en ce 21 avril 2002. Sa mission est, selon lui, de garantir la stabilité de nos institutions. Car, selon lui, ce sont le Rassemblement National et La France Insoumise qui les menacent. Ils veulent « le désordre », le chaos politique. Mais il déplore aussi l’érosion de soutien au sein de son propre camp, notamment avec Gabriel Attal, et encore davantage Édouard Philippe qui a de nouveau demandé, jeudi soir sur France 2, une présidentielle anticipée.
Une position « irresponsable » selon l’entourage du président, qui estime qu’elle s’apparente à celle de Jean-Luc Mélenchon, et qu’elle « affaiblit les institutions » tout en « menaçant la démocratie représentative ». Emmanuel Macron ne mâche pas ses mots contre ce qu’il appelle l’inélégance et le manque de courage de son ex-Premier ministre, qui, selon lui, n’a pas osé le dire en face lors de leur entrevue de la semaine précédente. Édouard Philippe affirme quant à lui qu’il ne doit rien à personne et qu’il est celui qui est venu le chercher.
À l’Élysée, on rappelle volontiers qu’il n’était, somme toute, que maire du Havre et chroniqueur pour Libération durant la campagne de 2017, avant qu’Emmanuel Macron ne le propulse à Matignon.







