Alors, qui prendra en charge le coût engendré par la suspension de la réforme des retraites ? Le gouvernement ne cache pas son intention : ce fardeau sera supporté par certains Français. Pour financer cette concession du Premier ministre au Parti socialiste, les assurances complémentaires de santé seront sollicitées afin d’apporter leur contribution.
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La décision de suspendre la réforme des retraites a été ratifiée par le Conseil des ministres. Conséquence immédiate : les personnes nées en 1964 et au début de 1965 pourront quitter la vie active à 62 ans et 9 mois, au lieu de 63 ans. Mais qui payera les 1,4 milliard d’euros que coûte cette suspension ? Dans un document publié le jeudi 23 octobre, le gouvernement propose deux leviers de financement : augmenter la taxe pesant sur les organismes complémentaires en 2026 et procéder à une sous-indexation des pensions de retraite à partir de 2027.
Pour Michel, 81 ans, qui a passé sa vie à travailler dans le secteur du bâtiment, c’est perçu comme une injustice. Le gouvernement prévoirait en effet un gel des pensions l’an prochain et, en 2027, elles ne seraient plus alignées sur l’inflation. Cette sous-indexation, initialement estimée à 0,4 point, serait finalement portée à 0,9 point. Autrement dit, cela représente une perte de pouvoir d’achat pour cette ancienne coiffeuse qui touche environ 1 700 euros par mois.
Des pistes débattues à l’Assemblée nationale
« On n’a pas une retraite mirobolante non plus. Donc si on nous retire un peu, les enfants en paieront les conséquences et nous, on va se priver davantage. On sortira moins, on vivra moins. On restera chez soi et après, que faire ? Regarder la télé toute la journée ? Ce n’est pas ce que j’ai envie », témoigne-t-elle.
Autre option pour financer la suspension : augmenter la taxation des mutuelles et des assurances santé, passant de 2,05 % à 2,25 % en 2026. Ces hausses seraient répercutées sur les assurés.
« L’impact sera nécessairement reflété dans le coût des contrats, donc les assurés sociaux en subiront les conséquences », admet Éric Chenut, président de la Mutualité Française. Mais pour ces travailleurs actifs, ce n’est pas acceptable. « Non, je ne trouve pas normal que l’on augmente les mutuelles pour les soins, les médicaments, etc. OK pour l’idée, mais pas pour la retraite, je ne vois pas le lien », réagit un riverain. « Ça serait pour financer l’abrogation, je veux bien, mais financer uniquement la suspension, non, je ne suis pas d’accord », estime un autre.
Ce soir-là, le gouvernement précise que ces hypothèses ne sont pas définitives et feront l’objet de débats à l’Assemblée nationale.







