Pendant un peu plus de vingt-cinq minutes, sur le plateau du 20 Heures de France 2, ce mercredi soir, le Premier ministre démissionnaire a passé en revue les quarante-huit dernières heures, durant lesquelles il a rencontré les responsables des partis politiques.
Il disposait d’un délai de quarante-huit heures pour mener ce qui a été décrit comme des discussions finales, sollicité par le chef de l’État, afin de tenter de mettre fin à la crise politique sans précédent qui secoue le pays. À l’issue de ce balayage, il se montre « plutôt optimiste ». Sur le plateau du JT de 20 heures sur France 2, le mercredi 8 octobre, Sébastien Lecornu a jugé que les chances d’une dissolution s’éloignaient.
Le chef du gouvernement sortant, qui affirme « ne courir après aucune nouvelle nomination », a également assuré qu’un remaniement rapide était envisageable et qu’un nouveau Premier ministre pouvait être nommé « dans les 48 heures à venir ». Il a aussi, de son côté, ouvert la porte à l’idée d’un débat sur la réforme des retraites. Voici les points clés de son entretien d’une durée d’environ vingt minutes.
« Ce soir, j’estime avoir achevé ma mission »
La mission éclair qu’il a conduite représente, pour lui, l’épilogue de son passage à Matignon. « Je ne poursuis pas ce poste », a-t-il affirmé avec gravité, confirmant qu’il demeure Premier ministre démissionnaire, en charge des affaires courantes. Interrogé par Léa Salamé, il a aussi assuré disposer désormais d’une parole « libre », puisqu’il n’ambitionne pas d’une nouvelle nomination à la tête du gouvernement.
Sa mission, désormais accomplie, peut-elle être jugée efficace ? En tout cas, il a répondu: « J’ai tout tenté ». « Depuis quarante-huit heures, j’ai entrepris des discussions finales. Les Français espèrent que les responsables politiques parviennent à un accord. »
« Une majorité écrasante à l’Assemblée refuse une dissolution supplémentaire »
Après avoir consacré la journée à rencontrer les formations de gauche, Lecornu a jugé que les chances d’une dissolution reculaient. Le plus bref Premier ministre de la Ve République a évoqué l’existence de « plusieurs blocs prêts à s’entendre sur un budget commun » et posant des conditions pour y parvenir.
Cette même position a été réitérée au président, à qui il a présenté ses conclusions en fin de journée mercredi. Il a déclaré à Emmanuel Macron qu’« une voie reste envisageable ». Il a ensuite ajouté : « Il existe une majorité à l’Assemblée qui s’oppose catégoriquement à une nouvelle dissolution ».
On peut envisager la nomination d’un nouveau chef du gouvernement dans les 48 heures qui viennent
Il s’est montré « plutôt optimiste ». Selon lui, la situation offre à Emmanuel Macron la possibilité de nommer un Premier ministre dans les 48 heures à venir. Quoi qu’il advienne, le gouvernement qui suivra devra s’atteler résolument à la tâche, sans se laisser guider par les échéances électorales. “L’équipe qui assumera les responsabilités, quelle qu’elle soit, doit être entièrement détachée des ambitions présidentielles pour 2027”, a-t-il insisté.
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Sur ce point, comme sur l’avenir du gouvernement, c’est Emmanuel Macron qui sera décisionnaire, martèle l’éphémère Premier ministre : « Respectons l’institution présidentielle. »
Un budget prêt, avec de nombreux points à discuter
« Toutes les forces politiques qui sont venues me voir, hors LFI et le RN, m’ont dit qu’il ne fallait pas prendre le risque de ne pas avoir de budget au 31 décembre », a rapporté Sébastien Lecornu. « Il faut que les débats démarrent ».
Un projet de budget est donc prêt à être déposé lundi 13 octobre, dans lequel il y aura « beaucoup à débattre », a prévenu Sébastien Lecornu. Sous réserve qu’un Premier ministre de plein exercice soit nommé à temps. « Il faut qu’un gouvernement soit nommé, qu’un projet de budget pour la Sécu et pour l’Etat soit débattu et adopté par le Conseil des ministres et ensuite que les travaux ouvrent à l’Assemblée nationale », a-t-il résumé.
« Emmanuel Macron s’adressera aux Français en temps utile »
Le chef de l’État compte-il s’exprimer devant les Français ? Le Premier ministre démissionnaire n’a pas levé le voile sur le timing des prochaines annonces du locataire de l’Elysée. « Emmanuel Macron s’adressera aux Français en temps utile », a-t-il lâché, sans en dire plus.
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Pour conclure, il a ajouté, en restant ministre des Armées: « Ce n’est pas le moment de changer de président de la République ». Une prise de position destinée à ceux qui préconisent la démission du président et la tenue d’une élection anticipée.