Plus de 320 communes n’ont pas une seule femme qui siège dans leur conseil municipal. « Des hommes vont devoir laisser leur place à des femmes élues », affirme la présidente du réseau lorsqu’elle intervint sur France Inter, précisant que cette mesure vise à respecter la loi. Et il n’y a pas que le sens inverse qui peut se produire.
Dès les prochaines échéances municipales prévues, à savoir en mars 2026, les listes candidates devront respecter la parité dans les communes regroupant moins de 1 000 habitants, comme c’est déjà le cas dans les autres territoires. Or, à ce jour, seulement environ 23 % des communes de moins de 1 000 habitants présentent des conseils municipaux où la part des femmes se situe entre 45 % et 55 %. Cette donnée ressort d’une étude produite par le réseau Élues locales, publiée à l’occasion des journées nationales des femmes élues qui se tiennent à Paris les vendredi 21 et samedi 22 novembre, après le congrès des maires de France.
Sur les 25 000 communes de moins de 1 000 habitants en France, 77 % devront opérer des ajustements importants au sein de leurs conseils actuels afin d’atteindre la parité. « Dans l’immense majorité des situations, ce sont des hommes qui devront céder des postes à des femmes élues », explique vendredi sur France Inter Julia Mouzon, présidente du réseau des Élues locales, qui regroupe 10 000 femmes élues à travers tout le pays. Aujourd’hui, 319 communes n’accueillent aucune femme élue.
Des efforts significatifs à faire, surtout le Nord-Est
À l’inverse, certaines communes comptent plus de femmes que d’hommes et seront également amenées à réviser leur composition. C’est notamment le cas de Saint-Point-Lac, dans le Doubs, dont le conseil municipal est actuellement entièrement féminin. Avec l’entrée en vigueur de la nouvelle loi, les listes de candidats ne pourront être déposées à la préfecture que si elles respectent la parité.
Le réseau des Élues locales observe des disparités régionales. « Sur l’ensemble de l’ouest de la France, on constate globalement une avance en matière de parité, alors que dans l’est, et particulièrement dans le Nord-Est, des efforts importants demeurent à accomplir », précise Julia Mouzon. Par ailleurs, il n’est pas question d’écart selon l’étiquette politique 「car, dans la plupart des petites communes, les élus n’arborent pas d’étiquette politique」.
« Lever les freins, adapter la vie politique à nos nouvelles façons de vivre »
La réforme sur la parité a été vivement contestée en début d’année, certains avançant qu’il serait difficile de trouver des candidates. Pour Julia Mouzon, il s’agit d’une question de culture locale à faire évoluer. « Il faut garder à l’esprit que même si l’application peut être complexe sur le moment, ces lois réveillent notre vie politique, elles font entrer des personnes qui n’étaient pas impliquées en politique, et obligent les têtes de liste à réfléchir à la manière d’encourager davantage de personnes à participer à la vie de la cité », souligne-t-elle.
« Ce que l’on observe, c’est que les femmes maires trouvent plus facilement des femmes susceptibles de s’impliquer, car elles s’identifient à elles. Elles se disent: ‘la maire est une femme, elle gère sa vie privée, sa vie professionnelle, et je peux faire pareil’ », affirme Mouzon. « On pousse fortement les chefs de liste, qu’ils soient féminins ou masculins, à discuter de ces enjeux, à adapter la vie politique à nos modes de vie et à des horaires qui concilient les obligations familiales; les femmes comme les hommes veulent désormais pouvoir accompagner leurs enfants, contrairement à ce qu’était la vie politique il y a quarante ans. Ainsi, on encourage les élus qui veulent attirer des femmes à lever les obstacles un par un et à démontrer que ces candidates ont toute leur place dans la vie publique ».
« L’objectif est que les hommes évoluant dans des environnements 100 % masculins se regardent entre eux et prennent conscience qu’un problème existe. »
Julia Mouzon, présidente du réseau des Élues localesà France Inter
Pour Julia Mouzon, « l’enjeu aujourd’hui est d’aboutir à une culture de l’égalité, de faire en sorte que l’égalité dans la vie politique devienne une réalité normale et que les hommes opérant dans des milieux 100 % masculins se regardent pour reconnaître le problème ».







