Mercredi 12 novembre, l’Assemblée nationale a formellement validé la mise en pause de la réforme des retraites, constituant un jalon important du quinquennat d’Emmanuel Macron. Le texte a été adopté par 255 voix pour et 146 contre, bénéficiant du soutien majoritaire du Parti socialiste, des écologistes et du Rassemblement national, tandis que les députés de Renaissance ont choisi l’abstention.
Ce fragment est issu d’une retranscription partielle du reportage évoqué plus haut. Pour visionner le reportage dans son intégralité, cliquez sur la vidéo.
L’image donne l’impression d’un renoncement politique de la part des macronistes: sur 505 votants, 401 exprimés et une marge de 201, 255 voix pour et 146 contre. On entend quelques applaudissements, mais ni joie débordante ni colère visible. Pourtant, le symbole est bien présent. La réforme des retraites, vecteur majeur du second quinquennat d’Emmanuel Macron, a été suspendue mercredi 12 novembre. Les socialistes, qui avaient exigé ce moratoire en échange de leur soutien, jubilent. « C’est une excellente nouvelle pour tous ceux qui ont eu des parcours professionnels souvent difficiles, et nous en sommes heureux », a déclaré Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale.
L’abstention des macronistes
Le vote a pu se faire grâce à l’abstention des députés proches du président. Cette manœuvre pourrait semer le doute chez ceux qui avaient soutenu la réforme il y a seulement deux ans. « Ce n’est pas une décision prise à la légère. Nous comprenons bien que ce sursis n’améliorera pas l’économie ni le budget de la France. Mais nous restons lucides sur le fait qu’il ne faut pas bloquer le compromis », a affirmé Gabriel Attal, à la tête du groupe Ensemble pour la République à l’Assemblée nationale.
À l’opposé, les rangs d’Édouard Philippe se sont mobilisés contre le texte, tout comme les Républicains. Et dans ce tableau d’opposition, la France insoumise s’est montrée une alliée inattendue. « Voilà votre nouvelle arnaque, se présenter comme une grande victoire — non pas la suspension, mais le décalage d’un an de l’entrée en vigueur de la réforme Borne », a fustigé Mathilde Panot, à la tête du groupe LFI à l’Assemblée nationale.
Pas de réaction officielle d’Emmanuel Macron
Le vote a offert au Rassemblement national une occasion d’apprécier les fluctuations des positions adverses, se réjouissant de ce que les socialistes aient voté avec eux dans ce contexte. « Renaissance est contre la suspension et va voter pour, LFI est pour et va voter contre, les communistes pour mais susceptibles de s’abstenir », a lancé Marine Le Pen, réacquiesçant la tactique des débats.
En déplacement à Toulouse (Haute-Garonne), aucune réaction officielle d’Emmanuel Macron n’est venue s’ajouter à ce feuilleton. En coulisses, toutefois, son entourage évoque à demi-mots une certaine cassure avec l’héritage politique du président: « Il a accepté cette proposition du Premier ministre au nom de la stabilité. Cela ne l’empêche pas de penser, sur le fond, qu’il faut approfondir le travail », a-t-on confié, sans nier pour autant les réserves quant à la substance du sujet.
Comment financer et qui sera concerné ?
Après la suspension, des interrogations subsistent. Premier point: comment financer ce moratoire? Le coût devrait atteindre environ 300 millions d’euros en 2026 et près de 1,9 milliard en 2027. Cette dépense était initialement compensée par l’augmentation de la Contribution sociale généralisée (CSG), mais cela ne couvre pas tout. « Le problème tient au fait que l’augmentation de la CSG est actée, alors que d’autres mesures prévues dans le projet de loi de finances et de sécurité sociale n’ont pas été retenues, comme la cotisation sur les tickets-restaurant ou la taxe sur les mutuelles », explique Mathieu Plane, économiste à l’OFCE et Sciences Po.
Autre point, qui est réellement concerné ? Le dispositif viserait les personnes nées entre 1964 et le premier trimestre 1965. Elles pourraient partir à 62 ans et neuf mois si elles totalisent 170 trimestres. Certaines carrières longues et certains régimes particuliers de la fonction publique seraient également inclus. Cependant, cette suspension n’est pas nécessairement définitive: le budget de la Sécurité sociale doit encore être entièrement approuvé par le Sénat et par l’Assemblée nationale.







