Le mouvement baptisé « Hissez les drapeaux » s’étend encore au Royaume-Uni. Les symboles de la nation, à savoir l’Union Jack et la croix de Saint-Georges, flottent désormais au vent sur des lampadaires et même sur des ponts autoroutiers, soutenus par l’impulsion d’une mouvance d’extrême droite.
Il s’agit désormais d’un tableau qui revient fréquemment au Royaume-Uni : dans le port de Plymouth, au sud‑ouest de l’Angleterre, une centaine de militants de Raise The Colours ont déployé leurs emblèmes rouge et blanc sur le rivage. “Ce n’est pas seulement Plymouth, c’est l’ensemble du Royaume‑Uni. Nous restons debout, soudés, pour redonner de la prestance à notre pays. Ce n’est pas du racisme, c’est du patriotisme,” affirme Andy.
Face à eux, des militants de Stand Up To Racism organisent une contre-manifestation. “Les réfugiés sont les bienvenus ici et ces individus ne représentent absolument pas Plymouth. Ce sont des fascistes, des racistes, ils incitent à la haine, ils sèment la peur. Des ignorants,” clame Ryan.
« Brandir les bannières et préserver mon avenir »
“Les réfugiés ne sont pas les bienvenus ici !” lance une femme qui n’a manqué aucune des mobilisations récentes. “Cela me dégoûte, nous ne sommes pas racistes, nous avons tous des amis de couleurs différentes, mais la Grande‑Bretagne semble disparaître,” assure-t-elle.

Alphie, 15 ans, tient une croix dans sa main. “C’est ma foi, le christianisme. Pour affronter les islamistes, je suis venu hisser les drapeaux et assurer mon avenir. Si les choses continuent ainsi, je n’aurai pas d’emploi, je n’aurai pas de toit et je serai contraint de quitter ce pays,” raconte-t-il. Quand on lui demande pour quel dirigeant il vote, Alphie répond : “Je vote Reform UK.” Selon lui, ce parti est “le seul qui se soucie des Britanniques.”
« Un mouvement nourri par l’aile la plus à droite »
Les militants de Raise The Colours ne cachent pas leur appui à des formations d’extrême droite. D’ailleurs, celui qui se présente comme le co‑fondateur du mouvement, Andy Saxon, est proche de Tommy Robinson, l’un des militants anti‑islam les plus connus en Angleterre. Tous deux se seraient rencontrés au sein du groupe English Defence League. Tommy Robinson, que 42mag.fr a pu interviewer, se félicite d’avoir donné naissance à un mouvement au Royaume‑Uni via Raise The Colours et les actions anti‑migrants près des hôtels.
« Comme en France, les gens ont peur. Peur d’être honnêtes, peur d’exprimer ce qu’ils pensent ouvertement », affirme-t‑il. Et cette appréhension aurait reculé depuis environ un an et demi dans l’opinion britannique. « Nous avons réussi à influencer le débat sur la question de l’identité culturelle, et ce n’est pas seulement grâce à moi : de nombreux groupes se sont lancés un peu partout. »
« Nous sommes en train d’entamer une révolution culturelle et, si nous parvenons à changer la culture du Royaume‑Uni, nous influencerons sa politique. »
Tommy Robinsonà 42mag.fr
Andy Saxon affirme avoir déployé plus d’un million de drapeaux sur l’ensemble du territoire. Un chiffre difficile à vérifier, mais qui alerte tout de même Joe Mullhall, qui lutte contre l’extrême droite via l’ONG Hope Not Hate. “L’extrême droite demeure une force marginale, et pourtant plus de 150 000 personnes sont descendues dans la rue en septembre,” déplore-t-il. Il ne peut pas y avoir autant de partisans de l’extrême droite. Le fait que davantage de personnes s’impliquent dans ce mouvement ne les rend pas moins extrêmes, et la marche de Tommy Robinson à Londres, il y a quelques semaines, représente, de loin, le plus grand rassemblement d’extrême droite jamais vu au Royaume‑Uni. C’est extrêmement inquiétant.

Keir Starmer, le Premier ministre britannique, a dû intervenir à plusieurs reprises ces dernières semaines. “Hissons nos drapeaux, car ce sont nos drapeaux”, a-t-il lâché, pour conclure : “Ils nous appartiennent à tous et nous ne les abandonnerons jamais”.







