Est-il envisageable d’imposer la suspension du permis aux conducteurs qui utilisent leur téléphone au moment de la conduite ? Les statistiques relatives à la mortalité routière connaissent une nouvelle hausse pendant l’été. Le téléphone portable se retrouve impliqué dans un nombre croissant d’accidents. Certains préfets plaident pour un durcissement des sanctions associées.
Cet extrait provient d’une portion de la retranscription du reportage mentionné ci-dessus. Pour le visionner dans son intégralité, cliquez sur la vidéo.
Une main sur le volant, l’autre sur l’écran du téléphone. Une conductrice rédige un message. Un peu plus loin, un autre automobiliste passe cet instant un appel. Aujourd’hui, l’usage du smartphone au volant est devenu une habitude répandue, avec des conséquences parfois tragiques.
Des tragédies
En juillet 2020, quatre enfants, pris dans la carrosserie d’un véhicule, ont trouvé la mort après qu’un camionneur a percuté leur voiture. À l’heure des faits, il consultar son téléphone.
Sur une autre route nationale, le mari de Catherine Houillon et un collègue, tous deux agents des routes, étaient à quelques mètres d’une opération de sécurisation lorsqu’ils ont été fauchés par un automobiliste écrivant des messages au volant. Les deux victimes intervenaient sur place pour sécuriser la zone. « Il a pris la vie pour un simple SMS. Ce n’est pas comme s’il y avait une urgence. Même s’il y en avait une, l’urgence véritable serait de garder les yeux sur la route. Il faut que les gens prennent conscience qu’un téléphone peut coûter une vie », déclare la veuve d’Emmanuel Houillon.
Le conducteur qui a percuté son mari a été condamné à deux ans de prison avec sursis, une peine jugée insuffisante pour adoucir la douleur et la colère de Catherine Houillon. « Aujourd’hui, lorsque vous êtes au téléphone, la peine, c’est du sursis. Si vous êtes en état d’alcool ou sous influence de stupéfiants, là, on vous envoie en prison. Ce que je souhaiterais, c’est que ces trois causes reçoivent une peine identique », affirme-t-elle.
Quatre-vingts pour cent des conducteurs utilisent leur téléphone au volant
À l’heure actuelle, quatre-vingts pour cent des automobilistes admettent utiliser leur téléphone en conduisant. C’est une réalité aisément vérifiable. Il a suffi d’environ une demi-heure sur le périphérique parisien pour filmer des dizaines de conducteurs ayant l’appareil en main. L’amende encourue, 135 euros, assortie d’un retrait de trois points, n’est pas jugée suffisante par certains conducteurs. « 135 euros, cela reste insuffisant face aux dangers que cela peut engendrer », déclare une conductrice.
Une suspension du permis peut être prononcée si l’automobiliste commet, parallèlement, une autre infraction. Téléphoner multiplie le risque d’accident par trois, et écrire un message par vingt-trois, selon les chiffres de la sécurité routière. Par conséquent, les contrôles se renforcent, comme à Évreux (Eure). Un gendarme en civil se poste discrètement au coin d’une rue et avertit ses collègues dissimulés dès qu’il aperçoit un conducteur au téléphone. En une heure, une dizaine de véhicules ont été interceptés. Le flagrant délit demeure pour les gendarmes le seul moyen efficace de lutter contre ce fléau aujourd’hui. En cas d’accident, il reste difficile de prouver que le téléphone était bel et bien entre les mains du conducteur au moment de l’impact.
Parmi nos sources :
Les comportements à risque en hausse selon le Baromètre 2024 AXA Prévention
Liste non exhaustive







