Depuis que Donald Trump a fait son retour sur la scène politique, le climat des échanges publics s’est considérablement durci aux États-Unis. Les menaces visant les élus et les actes d’intimidation se multiplient, et les violences politiques constatées chez les parlementaires ont progressé d’environ 25 % en l’espace de deux années. Aucun camp politique n’est épargné par ces attaques.
Ce texte constitue une portion de la transcription du reportage évoqué plus haut. Pour visionner l’intégralité, cliquez sur la vidéo.
Sur un campus du Mississippi, des dizaines de policiers et des agents du Secret Service assurent le dispositif de sécurité autour des quelque 10 000 participants présents à ce rassemblement politique. Des détecteurs de métaux, un contrôle rigoureux des identités et une protection hors norme font désormais partie du quotidien pour les partisans de Turning Point USA. Leur porte-parole, Charlie Kirk, a été assassiné il y a huit semaines lors d’un événement comparable.
« Je trouve regrettable qu’on en soit arrivé là et que certains redoutent qu’un incident survienne. Cela ne veut pas dire qu’il faut se taire. On ne doit pas avoir peur de prendre la parole », estiment deux militantes. À l’entrée du stade, comme pour rendre hommage à la mémoire de l’influent orateur, un siège vide et le même T-shirt qu’il portait le jour de son meurtre sont exposés. Une autre figure majeure est attendue : sa veuve, Erika Kirk. C’est elle qui poursuit l’élan et invite les militants à oser s’exprimer, malgré les risques. « N’ayez pas peur. L’effroi est si facile à adopter. Je ne vois pas ce qu’il vous faudrait de plus pour rallumer cette flamme en vous et vous mobiliser », affirme-t-elle.
Pour de jeunes conservateurs, seul un échange entre partis peut mettre fin à la violence : « Il faut qu’on parvienne à se parler. Les guerres civiles débutent lorsque les gens cessent de discuter », déclare un jeune homme, portant une casquette « Make America Great Again ».
Une députée démocrate et son mari assassinés
Les agressions et les menaces d’ordre politique se multiplient, avec une hausse d’environ 25 % en deux ans en direction des parlementaires. Parmi les épisodes marquants figure une tentative d’assassinat visant Donald Trump, encore candidat à l’époque. Les images du futur président blessé à l’oreille avaient marqué l’Amérique. La violence touche autant les camps républicain que démocrate. En juin dernier, une députée du Minnesota et son époux ont été tués chez eux par un homme déguisé en policier. Dans le véhicule de l’enquêteur, on a retrouvé une liste répertoriant une trentaine d’autres élus démocrates.
Partout dans le pays, nombre d’entre eux vivent dans la crainte, comme Suhas Subramanyam, un député de Virginie. Il y a deux mois, un résident lui envoie un e-mail de menaces : « Je vais venir dans vos locaux avec un fusil d’assaut et vous pouvez imaginer ce qui suivra ». Il a placé son domicile sous surveillance, ne se présente à aucun événement public sans deux gardes du corps, mais il refuse de quitter la vie politique. « Je vais continuer à parler des sujets qui me tiennent à cœur, même ceux qui peuvent déplaire à certains. Je ne cesserai pas de m’exprimer à cause de ces menaces », confie-t-il.
Pourtant, il avoue une inquiétude majeure : de moins en moins d’Américains s’impliquent en politique. Selon plusieurs études, près de deux élus locaux sur cinq hésiteraient à se représenter, par crainte pour leur sécurité.







