Combien y a-t-il d’immigrés en France ? D’où viennent-ils? Comment l’immigration a-t-elle façonné leur vie?
Une nouvelle étude démographique majeure a exploré l’immigration en France pour la première fois depuis une décennie.
Le dossierde l’Insee, a été publié jeudi 30 mars.
Il a principalement utilisé les données de 2021, les plus récentes disponibles.
Nous examinons ici ses principales conclusions.
1. Une personne sur dix en France est immigrée
L’étude a révélé qu’il y avait environ sept millions d’immigrés vivant en France en 2021, soit 10,3% de la population.
L’étude a défini « immigré » comme quelqu’un qui est « né avec une nationalité étrangère dans un pays étranger ».
2. Plus d’un tiers des immigrés ont acquis la nationalité française
L’étude a révélé que de nombreux immigrés s’intègrent de manière significative en France, en particulier ceux qui ont des enfants (deuxième génération) et des petits-enfants (troisième génération) dans le pays.
Elle a également révélé que plus d’un tiers (36 %) des personnes arrivées en France en tant qu’immigrés ont acquis la nationalité française.
3. Près de la moitié des immigrés en France viennent d’Afrique
L’étude a révélé qu’il y a 50 ans, la plupart des immigrés en France venaient du sud de l’Europe. Cela a maintenant changé.
En 2021, ils étaient plus susceptibles de venir d’Afrique du Nord (région du Maghreb), d’Afrique ou d’Asie.
- En 2011, il y avait 882 000 immigrés en France en provenance d’Espagne et d’Italie
- En 2021, ce chiffre était tombé à 543 000
- En 2011, il y avait 1,63 million d’immigrés du Maghreb
- En 2021, il y avait plus de 2 millions d’immigrés maghrébins
Au total, près de la moitié des immigrés en France sont originaires d’Afrique (3,31 millions sur un total de 6,96 millions).
4. Plus de la moitié des immigrés vivant en France sont des femmes
Contestant le stéréotype selon lequel la plupart des immigrés sont des hommes célibataires, l’étude révèle que 52 % des immigrés vivant en France sont des femmes.
Ce chiffre est passé de 44% en 1968.
Comme pour la population immigrée en général (voir ci-dessous), les femmes sont particulièrement susceptibles d’être « éloignées » du monde du travail, même si elles sont susceptibles d’avoir des niveaux d’éducation similaires, voire supérieurs, à ceux des hommes immigrés.
L’Insee a déclaré: « {Les femmes sont]neuf fois plus susceptibles d’être inactives et trois fois moins susceptibles d’être dans un emploi à temps plein que les hommes. »
Le bureau a déclaré que même si cela pourrait être en partie dû au fait que de nombreux immigrants effectuent leur voyage pour des raisons familiales, « y compris, souvent, dans le but d’élever une famille », cela n’explique pas à lui seul l’écart.
« La probabilité d’être inactif augmente avec le nombre d’enfants, et s’ils vivent en couple », précise l’Insee.
5. Les immigrés sont plus susceptibles d’être touchés par le chômage
En 2021, 13 % des immigrés étaient au chômage, contre 7 % de la population générale en France.
Les immigrés sont surreprésentés dans certains emplois, comme les aides à domicile et maternelle assistantes pour les femmes et le secteur de la construction pour les hommes.
Ils sont plus nombreux à avoir des contrats intérimaires et temporaires par rapport au reste de la population, et « occupent souvent des emplois moins qualifiés, associés à des salaires plus bas et à des conditions de travail plus difficiles ».
Selon l’Insee, 39 % des hommes immigrés en emploi sont des ouvriers non qualifiés, contre 29 % des hommes qui ne sont ni eux-mêmes immigrés ni descendants d’immigrés.
L’Insee a suggéré que les niveaux d’emploi inférieurs des immigrés pourraient être en partie dus à une « discrimination à l’embauche ». Il a déclaré avoir testé la différence entre les demandes d’emploi d’immigrants et les demandes d’emploi de non-immigrants.
« Les candidats similaires avec une origine maghrébine suspectée reçoivent 32% de rappels en moins que ceux sans origine suspecte, même si tous deux disent avoir fait toute leur formation, diplôme et travail, exclusivement en France », écrit-il.
Les niveaux d’emploi inférieurs pourraient également être dus au fait que les employeurs ne reconnaissent pas les qualifications étrangères, ainsi qu’au fait que les immigrants ont tendance à avoir des niveaux inférieurs de compétences en français.
C’est notamment le cas des réfugiés, qui sont moins souvent originaires de pays francophones (30 %) que les autres immigrés en France (67 %).
6. Les immigrants sont plus susceptibles d’être pauvres
Les immigrés sont deux fois plus susceptibles que le reste de la population de souffrir de pauvreté financière, en particulier ceux originaires d’Afrique et d’Asie.
En 2019, au moins la moitié des immigrés gagnaient moins de 1 417 € par mois ; 15 % de moins en moyenne que les descendants d’immigrés et 26 % de moins en moyenne que les personnes sans origine immigrée récente.
L’Insee précise : « 19 % des immigrés nés en Afrique ne peuvent pas avoir de voiture personnelle pour des raisons financières, contre seulement 3 % des immigrés nés en Europe. 47 % des Africains ne peuvent pas prendre une semaine de vacances loin de chez eux, contre 22 % des immigrés européens.
Les immigrants sont également plus susceptibles d’être en mauvaise santé. L’Insee a constaté que 10 % des hommes immigrés sont susceptibles d’être en « mauvaise ou très mauvaise santé », contre 7 % de la population non immigrée et 5 % des descendants d’immigrés.
7. Les descendants d’immigrés ont une forte mobilité sociale
Malgré ces défis, l’étude montre que les descendants d’immigrés ont tendance à avoir une mobilité sociale ascendante en termes d’éducation et de travail.
L’Insee précise : « Le niveau de diplôme des descendants d’immigrés est très proche de celui de la population non immigrée et non descendante d’immigrés ». Cela montre une forte augmentation des niveaux d’éducation et de la mobilité sociale d’une génération à l’autre.
« Un tiers (33%) des descendants d’immigrés, dont le père était ouvrier non qualifié, deviennent cadres ou exercent une profession semi-qualifiée », précise l’étude.
C’est plus que le chiffre (27%) pour ceux qui ne sont pas des descendants d’immigrés.
Environ 32 % des immigrés sont diplômés de l’enseignement supérieur, ce chiffre s’élevant à 38 % chez les descendants d’immigrés, contre 41 % pour la population non immigrée.
8. Les immigrants sont plus susceptibles d’être religieux
Les immigrés en France sont plus susceptibles d’être religieux que l’ensemble de la population non immigrée.
En 2019-2020, 51 % de la population générale âgée de 18 à 59 ans en France métropolitaine déclare ne pas avoir de religion.
Ce chiffre passe à 59 % chez les personnes sans origine immigrée récente (sur trois générations).
En revanche, seuls 19 % des immigrés arrivés en France après 16 ans disent la même chose, passant à 26 % chez les descendants d’immigrés.
- 29% de la population immigrée se dit catholique
- 10% ont dit qu’ils étaient musulmans
- 9% ont dit qu’ils étaient une autre forme de christianisme
Parmi les descendants de familles religieuses :
- 91% des personnes élevées dans un foyer musulman suivent la religion de leurs parents
- 84% des personnes élevées dans un foyer juif font de même
- Comme 67% des personnes élevées dans un foyer catholique
- Et 60% parmi les autres formes de christianisme
L’Insee a déclaré : « Le fait d’avoir grandi dans une famille d’origine mixte religieuse ou catholique est déterminant pour la sécularisation des descendants d’immigrés ».