Dans sa lettre, le responsable du ministère de l’Économie sollicite auprès des fabricants et des grandes surfaces de traduire la diminution future du coût des matériaux de base sur les tarifs affichés.
Les prix des aliments continuent d’augmenter dans les commerces, avec une hausse de 17% en un an, selon l’Insee. Cette flambée des prix devrait bientôt se calmer d’après les dernières projections, voire s’inverser. Cependant, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire demande aux industriels de l’alimentation de répercuter cette baisse des prix le plus rapidement possible dans les rayons des supermarchés, comme le montre un courrier que 42mag.fr a révélé.
Dans cette lettre, le ministre explique clairement ses exigences, tenant compte des indicateurs de la Banque de France qui prévoient une décrue de l’inflation au premier semestre. Il souligne que les citoyens ne comprendraient pas si les baisses de prix à venir sur l’amont de la chaîne économique ne leur étaient pas restituées de manière symétrique.
Il est important de rappeler que les prix sont fixés en théorie d’une année sur l’autre lors des négociations annuelles entre les industriels de l’agroalimentaire et la grande distribution. Les lois Egalim, issues des états généraux de l’alimentation, ont déjà prévu que ces négociations puissent rouvrir en cas de flambée des prix des matières premières – comme cela s’est passé l’année dernière avec la guerre en Ukraine. Les industriels ont alors obtenu une hausse de 10% de leurs tarifs en moyenne.
Aujourd’hui, le ministre souhaite que cette renégociation fonctionne également à la baisse, c’est-à-dire que si le prix des matières premières baisse, tout le monde doit en profiter. La Banque de France prévoit en effet une baisse de l’inflation à la mi-année, ce qui devrait entraîner une baisse des prix alimentaires. D’après la FAO, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, les prix de l’alimentation ont déjà chuté de 20% en un an.
Le ministre demande donc aux fournisseurs, grands industriels et acteurs de la grande distribution de s’engager volontairement dans une perspective de renégociation infra-annuelle des contrats afin de revoir les prix à la baisse et de restituer intégralement et sans délai les réductions de prix aux consommateurs.
Selon Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), la demande du gouvernement concerne principalement les grandes entreprises comme Coca-Cola, Nestlé, Ferrero, Nutella et L’Oréal, qui ont profité de la situation pour augmenter leurs prix de manière importante et leurs marges. La FCD estime que les distributeurs ne peuvent pas baisser les prix tant que les industriels ne l’ont pas fait, car leurs marges sont très faibles, de l’ordre de 1%. Les distributeurs demandent donc que les groupes industriels acceptent de faire des efforts pour réduire les prix des produits.