Cette semaine, au programme cinématographique, Thierry Fiorile et Matteu Maestracci vous présentent deux films : « L’Établi » réalisé par Mathias Gokalp et « Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan » mis en scène par Martin Bourboulon.
L’Établi de Mathias Gokalp est une adaptation du célèbre livre-manifeste de Robert Linhart. Il raconte l’histoire du propre auteur, un universitaire qui a décidé de travailler à la chaîne dans une usine Citroën suite aux événements de Mai 68.
L’établissement est un concept issu de la « stratégie révolutionnaire » utilisée par les maoïstes en France. Elle consistait à envoyer des intellectuels travailler en usine afin de partager la condition ouvrière et préparer la révolution à venir qui, finalement, n’a jamais eu lieu. Robert Linhart est l’un de ces militants et est incarné à merveille par Swann Arlaud. Le film nous montre comment il se fait embaucher en cachant soigneusement ses diplômes et son poste à la faculté. On le suit dans son apprentissage du travail à la chaîne, à l’assemblage des 2CV, et la découverte de la difficulté du travail ouvrier et de la violence des rapports humains à l’usine.
Le personnage principal doit cacher sa véritable identité et réussir à convaincre les autres ouvriers de s’engager dans la lutte, quel qu’en soit le prix. C’est l’objectif de cette intrigue et du film, au travers d’un personnage dont la sincérité ne fait aucun doute. L’Établi est un récit d’une époque révolue, lorsque la France possédait une classe ouvrière, des intellectuels de gauche audibles, des mouvements révolutionnaires et des syndicats violents liés au patronat.
Même si l’image du film peut paraître un peu lissée, la restitution est assez fidèle et invite à réfléchir sur le rapport à l’engagement et au travail d’aujourd’hui.
Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan, de Martin Bourboulon, est une nouvelle adaptation de l’œuvre d’Alexandre Dumas, parue en 1844. La production du film a été financée par Pathé avec un budget estimé à 72 millions d’euros pour ce premier chapitre (D’artagnan) et pour le second (Milady), qui sortira mi-décembre, juste avant Noël.
Le film est sorti en grande pompe – il est difficile de ne pas en avoir entendu parler cette semaine – avec un casting impressionnant comprenant François Civil, Vincent Cassel, Romain Duris, Pio Marmaï, Eva Green, Lyna Khoudri, Vicky Krieps, Louis Garrel et de nombreux seconds rôles venant du théâtre. Cette version respecte la trame de l’œuvre originale tout en la modernisant, avec un souci du détail remarquable.
Le résultat est une réussite, le film évitant le piège d’un échec retentissant pour un projet aussi attendu (on se rappelle du dernier Astérix, également produit par Pathé). Le casting est excellent, mention spéciale à un Louis Garrel en roi Louis XIII parfait et plein d’humour. Le film offre du rythme, des scènes de combat bien exécutées et des moments d’humour, notamment lors d’un affrontement entre D’Artagnan et Milady, à cheval sur le bord des falaises anglaises. C’est un divertissement de qualité qui devrait plaire en salles.