Les promoteurs affirment que l’autoroute Castres-Toulouse est vitale pour l’économie. Mais les critiques disent que cela détruira l’environnement
Des milliers de manifestants dans le sud de la France ont défilé ce week-end contre des propositions controversées de nouvelle autoroute, l’A69, qui relierait Castres à Toulouse.
Les organisateurs disent qu’il y avait 8 200 personnes (contre 4 500 selon les estimations des autorités) samedi (22 avril) et dimanche (23 avril).
La marche a traversé la réserve naturelle de la région à Cambounet-sur-le-Sor (Tarn), avant de descendre la RN126.
Les manifestants ont même commencé à construire un mur sur la route.
« Si nous ne l’obtenons pas, fermez-le » est pris au pied de la lettre en France alors que les manifestants construisent un mur de béton au milieu d’une route nationale à Toulouse. #A69 pic.twitter.com/Cd5WrARGUu
— Des syndicalistes dégoulinants (@UnionDrip) 22 avril 2023
Création d’un mur en béton directement sur la route nationale. #A69 #Toulouse #Castres pic.twitter.com/RQXRjZfyfh
— Clément Lanot (@ClementLanot) 22 avril 2023
L’argument pour : « C’est une question de survie économique »
Les partisans de l’autoroute longue de 53 km, dont le député Jean Terlier, ont déclaré « c’est une question de survie économique » pour le sud du Tarn.
Ils disent que ce sera une connexion clé et réduira les temps de trajet de 25 à 35 minutes.
La route s’appuiera sur des tracés existants, en élargissant certains tronçons. Il faudra 300 hectares de terrain pour terminer (bien que cela soit en baisse par rapport aux 400 hectares initialement prévus).
Crédit carte : Atosca
La ministre française de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, insiste sur le fait que le gouvernement a pris en compte l’impact environnemental.
Elle dit CMR: « A chaque fois qu’on fait une infrastructure [plan]nous faisons une analyse de l’impact environnemental du projet.
Pendant ce temps, Bernard Carayon, maire de la commune de Lavaur, a déclaré que l’autoroute créera 1 000 emplois directement, avec d’autres emplois indirects à suivre.
Il a critiqué les opposants au projet qui « fait désormais l’objet d’un consensus politique sauf à l’extrême gauche » et qui a le soutien « d’acteurs économiques, une très large majorité d’agriculteurs et de citoyens, 75% favorable selon un récent sondage « .
L’argument contre : « Le projet est archaïque et il détruira l’environnement »
Mais les manifestants affirment que cela nuit à l’environnement. Une manifestante, Aline, membre du groupe de campagne La Voie Est Libre, dit FranceInfo: « Ce projet est archaïque et détruira inutilement l’environnement.
« C’est un symbole de l’inaction des décideurs face au changement climatique. »
Foule importante pour la manifestation contre le projet d’#A69 Toulouse-Castres. pic.twitter.com/TM02fNypNk
— Rémy Buisine (@RemyBuisine) 22 avril 2023
Les manifestants sont également mécontents des 17 € suggérés péage faire payer un aller-retour sur le nouvel itinéraire, qu’ils ont qualifié de « racket ». Les militants demandent également que des améliorations soient apportées à la route existante au lieu d’en construire une nouvelle.
Le projet est débattu depuis les années 1990, mais l’opposition à celui-ci s’est accentuée ces dernières années, notamment avec le soutien du groupe de campagne écologiste les Soulèvements de la Terre.
Ce groupe de campagne a fait la une des journaux après sa manifestation contre les réservoirs de Sainte-Soline dans l’ouest de la France.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a appelé à la dissolution de ce groupe à la suite d’affrontements entre manifestants et policiers lors de la manifestation.
Ce week-end, l’un des membres du groupe, Gilles Garric, a ironisé : « Nous tenons à remercier notre responsable des relations publiques, Gérald Darmanin, qui a largement contribué à la réussite de ce week-end. »
Les organisateurs ont déclaré que la manifestation de ce week-end était « un mouvement historique » et promettent qu’ils « ne s’arrêteront pas là ».
La manifestation a attiré plusieurs manifestants de haut niveau, dont Christophe Cassou, climatologue et co-auteur du dernier rapport du GIEC. Il a dit être venu de Toulouse pour offrir un « soutien moral » aux manifestants, dans un geste « urgent » qui montrait la « gravité » de la situation.
Il a déclaré que la France n’était pas près d’atteindre ses objectifs en matière de changement climatique, principalement en raison de l’agriculture et du trafic routier.
Il dit FranceInfo: « Construire une autoroute alors que nous devrions réduire massivement nos émissions de gaz à effet de serre liées aux transports, c’est un non-sens. »
Extrait d’un scientifique du GIEC qui a rejoint l’appel de @lessoulevements de la Terre ☘️#stopbassines #nopasaran #100jours #A69 #Toulouse pic.twitter.com/mfE070ElBZ
— gochopacontent (@gochopaconten) 22 avril 2023
La députée verte Sandrine Rousseau était également présente. Elle a déclaré : « Il est urgent de prendre en compte les contraintes du changement climatique. Nous faisons croire aux gens qu’ils peuvent simplement continuer à utiliser leur voiture comme avant. c’est dystopique.
La députée EELV Sandrine Rousseau a fait le déplacement.
« Aujourd’hui, ce n’est plus possible de construire des routes et des autoroutes, il faut un moratoire. Penser le désenclavement par la route, c’est dépassé, on met les gens dans un piège » #A69 pic.twitter.com/N65fsV09Du
— Thomas Baietto (@ThomasBaietto) 22 avril 2023
Les manifestants disent que le mouvement va se poursuivre, bien qu’aucune date n’ait encore été annoncée.
Les Soulèvements de la Terre a écrit: «Nous annoncerons davantage de rassemblements et de manifestations. Nous continuerons à nous battre jusqu’à ce que le projet soit annulé.
Le groupe fait désormais pression pour une « annulation » du projet en raison d’une autorisation environnementale. Les organisateurs affirment que la route n’a « aucun argument sérieux » pour l’étayer.
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Pensez-vous que l’autoroute est vitale pour la survie économique ? Ou êtes-vous d’accord avec les écologistes qui s’opposent au projet ?
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