Le dernier long-métrage d’Anna Novion, qui n’est pas en compétition mais bénéficie de projections spéciales au sein de la sélection officielle, invite le public à suivre une investigation personnelle au centre de l’étude des mathématiques. Cette approche originale est sublimée par la performance de l’actrice Ella Rumpf.
Si vous êtes réfractaire aux mathématiques, rassurez-vous. Le théorème de Marguerite va plus loin qu’une démonstration complexe au milieu des chiffres. Oubliez vos mauvais souvenirs de Pythagore et Thalès, il se pourrait que les mathématiques puissent également être abordées de manière artistique et ludique.
Dans son nouveau long-métrage, Anna Novion suit le parcours d’une jeune chercheuse à Normale Sup et explore l’univers très fermé des mathématiques. Présenté au Festival de Cannes, le film raconte la chute et la renaissance d’une étudiante, incarnée par la talentueuse Ella Rumpf.
« La mathématicienne en chaussons »
Marguerite, totalement absorbée par sa thèse à l’École Normale Supérieure, travaille sur la conjecture de Goldbach, l’un des plus anciens problèmes non résolus des mathémathiques. Seule femme dans ce monde majoritairement masculin, elle suscite l’intérêt et l’admiration de ses collègues et de son directeur de thèse, interprété par Jean-Pierre Daroussin.
Lorsque Marguerite est interrogée sur sa passion pour les mathématiques, elle répond avec maladresse qu’elle ne pourrait pas vivre sans elles. Mais l’équilibre qu’elle a trouvé dans son travail est fragile et la jeune femme est déstabilisée par l’arrivée d’un nouvel étudiant aussi talentueux qu’elle. Son univers s’effondre lorsqu’une erreur remet en question ses certitudes.
Les mathématiques en tant qu’outil créatif
Marguerite doit alors se confronter à un registre qui lui est étranger et qu’elle a toujours évité : les relations sociales. L’actrice Ella Rumpf, révélée dans Grave de Julie Ducourneau, incarne avec justesse ce personnage complexe. En se focalisant sur les chiffres et en dessinant inlassablement des formules sur de grands tableaux noirs, Marguerite néglige la créativité nécessaire pour faire avancer les mathématiques.
Cependant, en acceptant ses erreurs, Marguerite découvre des univers bien différents du sien et se rapproche de personnes qui l’aident à évoluer. Parallèlement à cette transformation personnelle, la réalisation d’Anna Novion s’éclaire, passant d’une mise en scène géométrique à des séquences plus lumineuses.
« Je me suis rendue compte qu’il y avait un vrai parallèle à faire entre les mathématiques et la création artistique. Ce qui relie les mathématiques et la réalisation, c’est le risque et la passion qui font que nous sommes parfois prêts à travailler des années sans savoir si notre travail va trouver une issue. C’est un film très personnel qui évoque mon rapport à la création », confie la cinéaste.
Ce film émouvant et original aborde les mathématiques sous un angle inattendu, donnant presque envie de se replonger dans les cours.
Le théorème de Marguerite est un film de fiction réalisé par : Anna Novion
Pays : France, Suisse
Durée : 1h52
Sortie : à venir
Synopsis : Marguerite, brillante élève en mathématiques à l’ENS, semble avoir un avenir tout tracé. Seule fille de sa promotion, elle travaille sur une thèse qu’elle doit présenter devant un groupe de chercheurs. Mais le jour J, une erreur remet en question tout ce en quoi elle croyait et Marguerite décide de tout quitter pour recommencer à zéro.