Le long-métrage récent de Robin Campillo, intitulé « L’île rouge », met en lumière les vestiges finissants d’un « rêve colonial obsédé par sa propre disparition et sa non-validité », et ce, en se plaçant du point de vue d’un jeune protagoniste.
Robin Campillo est de retour avec son nouveau film « L’île rouge » dans lequel il évoque l’histoire coloniale française à Madagascar. Inspiré de son enfance passée sur l’île, le réalisateur nous livre un récit impressionniste sur les derniers mois de la présence militaire française à Madagascar. Le film, sorti le 31 mai, aborde un épisode peu connu de l’histoire coloniale française.
Campillo, qui avait précédemment réalisé « 120 battements par minute », un film bouleversant sur la lutte des militants d’Act Up-Paris pendant les années noires du sida, revient également sur les coulisses de ce nouveau long métrage et sur le succès de « 120 battements par minute ». Pour lui, chaque film est unique, avec un univers et une émotion propre.
« L’île rouge » est construit autour des souvenirs d’enfance de Campillo et des différentes perspectives qu’il a pu avoir en grandissant. Le réalisateur explique que la colonisation fait partie de l’imaginaire de l’enfant, qui perçoit d’abord les Malgaches comme des figurants avant de les voir devenir des protagonistes à part entière. Le film met en scène des personnages comme Colette, la mère de Thomas, ou Miangaly, une jeune Malgache qui finit par prendre part à la révolution malagasy de 1972.
Campillo traite également les personnages stéréotypés et la féerie qui entoure le colonialisme. Le film explore la tension entre protection et enfermement que représente la cellule familiale, ainsi que la relation mère-fils.
Le réalisateur insiste sur l’importance de faire connaître cette histoire, notamment en raison de sa méconnaissance du colonialisme et de la trace laissée par la répression française en 1947. Il estime que « L’île rouge » éclaire un aspect méconnu et oublié de l’histoire coloniale française et aurait souhaité une plus grande visibilité pour son film.
Pour Robin Campillo, le rapport entre l’intime et le collectif est essentiel dans sa démarche de cinéaste, et c’est ainsi qu’il aborde les questions politiques. Dans « L’île rouge », la politique est notamment représentée par la révolution malgache de 1972, un mouvement de jeunesse qui a finalement abouti au départ des militaires français de l’île. Le film de Campillo offre donc une réflexion sur la colonisation et ses conséquences, tout en étant une œuvre profondément personnelle.