La Cour de cassation, la plus haute cour d’appel de France, a rejeté une demande de réparations à verser aux descendants de personnes réduites en esclavage sous l’Empire français. Alors que la France reconnaît l’esclavage comme un crime contre l’humanité, elle refuse jusqu’à présent toutes les demandes d’indemnisation des proches des victimes.
L’appel a été formé par trois associations et 23 plaignants individuels, pour la plupart basés dans le territoire français d’outre-mer de la Martinique, qui ont fait valoir que l’esclavage avait causé un « préjudice transgénérationnel ».
Leur demande avait déjà été rejetée par deux tribunaux inférieurs, pour la plupart récemment en janvier 2022, qui ont jugé qu’aucun des plaignants ne pouvait documenter des cas de dommages dans leur propre vie qui étaient directement et définitivement liés aux abus subis par leurs ancêtres asservis.
Les juges ont également jugé que les crimes en question étaient hors délai de prescription.
La Cour de cassation a confirmé ces arrêts dans sa décision de mercredi.
« Occasion manquée »
Un avocat des demandeurs, Patrice Spinosi, a déclaré à l’agence de presse française AFP qu’il s’agissait « d’une autre occasion manquée ».
Ses clients, dont le Mouvement international pour les réparations, militent depuis 2005 pour la création d’un fonds de réparation.
Ils envisagent ensuite de porter leur affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme, a-t-il déclaré. Leur procès a déjà été devant la Cour européenne une fois auparavant, en février 2020, lorsque les juges ont jugé leurs demandes recevables.
« Les descendants d’esclaves savent qu’à force d’actions en justice, l’histoire devra un jour leur donner raison », a déclaré Spinosi. « Le temps n’affectera pas la détermination de ces hommes et femmes à faire reconnaître par l’Etat sa responsabilité dans les abus subis par leurs ancêtres. »
Crime contre l’humanité
Plus d’un million de personnes ont été victimes de la traite d’Afrique vers les colonies françaises des Caraïbes et de l’océan Indien avant que la France n’abolisse définitivement l’esclavage en 1848. En 2001, elle a officiellement reconnu l’esclavage et la traite des personnes comme un crime contre l’humanité.
Depuis lors, les initiatives pour commémorer l’esclavage dans l’ancien empire français se sont multipliées – mais toutes les demandes légales de réparation ont jusqu’à présent été rejetées.
Par ailleurs, le Louvre a annoncé mercredi qu’il s’associerait à des experts en histoire pour aider à commémorer l’esclavage et la lutte pour l’abolir.
Le plus grand musée du monde a signé un accord avec la Fondation française pour la mémoire de l’esclavage pour organiser des événements, développer des ressources pédagogiques, former des guides touristiques et soutenir la recherche qui éclairera sur la façon dont l’esclavage a marqué l’histoire et les arts en France et au-delà.