Le haut responsable du renseignement français a mis en garde contre la « résurgence très inquiétante » des actions violentes de l’ultra-droite depuis le début de l’année.
Dans un entretien au journal Le Monde, Nicolas Lerner, directeur général de la sécurité intérieure de la France, a souligné : « Depuis le printemps, nous assistons à une recrudescence très inquiétante d’actions violentes et d’intimidations de la part de l’ultra-droite, dont certaines sont en nette rupture avec le cadre démocratique ».
Lerner – qui dirige la DGSI depuis 2018 – a notamment pointé du doigt les attaques contre les deux maires qui ont démissionné après que l’un ait vu sa maison incendiée, tandis que l’autre a fait l’objet d’intimidations de l’extrême droite à propos de l’installation de centres d’accueil pour l’asile. demandeurs d’asile et réfugiés.
Chef espion français : les principales menaces terroristes sont les djihadistes et les extrémistes de droite. Mais aussi inquiétude face aux « ultra-gauchistes qui s’impliquent dans l’environnementalisme ». 👇https://t.co/2odsSCXbAB
– Peter R. Neumann (@PeterRNeummann) 9 juillet 2023
Le haut fonctionnaire s’est inquiété de la « banalisation de l’usage de la violence et de la tentation de tenter d’imposer ses idées par la peur ou l’intimidation » au sein de la mouvance d’extrême droite, qui « compte environ 2 000 personnes ».
Lerner a également souligné que dix attentats terroristes planifiés par l’ultra-droite ont été déjoués depuis 2017.
Attaques contre les « symboles de l’État »
Du côté du mouvement d’extrême gauche, l’importation de ses « modes d’action » sur les questions environnementales – comme la protestation contre le projet de mégabassins de stockage d’eau à Sainte-Soline ou les travaux sur la ligne ferroviaire Lyon-Turin – « est un source de préoccupation ».
« La lutte contre le réchauffement climatique est une bataille légitime qui mérite d’être menée avec détermination. Mais avec les moyens permis dans une démocratie », a souligné Lerner.
Il a regretté que « pour certains, cette revendication soit un prétexte pour s’en prendre aux symboles de l’Etat, aux forces de l’ordre – ce qu’ils appellent le ‘système’ ».
Il n’a cependant pas endossé le terme « d’éco-terroristes » du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, expliquant qu' »aucune action » à caractère terroriste n’a été commise au nom de la cause environnementale ces dernières années.
« Individus radicalisés »
Il a appelé les agences à rester vigilantes face aux « idéologies qui légitiment et théorisent le recours à la violence ».
Concernant le risque de terrorisme islamiste, Lerner a expliqué qu’il surveillait de plus en plus « les individus radicalisés vivant en Europe ou en Asie centrale » qui sont invités à agir par « des organisations terroristes en Syrie et, de plus en plus, en Afghanistan ».
En décembre, deux jeunes radicaux – l’un russe et l’autre tadjik – ont été inculpés et emprisonnés, soupçonnés d’avoir préparé une action violente sur le territoire français.