Interrogé au Sénat à propos des affrontements survenus après le décès du jeune Nahel, le ministre de l’Intérieur a suscité le mécontentement de nombreuses forces de l’ordre en faisant allusion à leur bas niveau d’instruction… Il a apporté quelques précisions, quelques jours après.
Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, s’est retrouvé au cœur d’une controverse après une audition au Sénat le 5 juillet, dans laquelle il discutait de la manière dont les forces de police avaient géré les émeutes qui ont suivi le décès par balle d’un adolescent, Nahel, dans la ville de Nanterre, Hauts-de-Seine. Les critiques ont été suscitées par ses commentaires sur la formation des officiers de police.
Répondant à Marie-Pierre de La Gontrie, sénatrice socialiste de Paris, M. Darmanin a affirmé qu’il y avait certainement besoin d’une meilleure sélection des policiers. Il a également fait une comparaison entre son ministère, qui recrute souvent des jeunes de 18 à 20 ans sans expérience universitaire significative, et les ministères de la Justice et de l’Éducation nationale, où les candidats sont généralement mieux éduqués et ont un capital social plus important.
Ces commentaires sont d’abord passés inaperçus, mais ont ensuite été largement partagés sur Twitter par une utilisatrice se présentant comme une policière, ce qui a alimenté une polémique. Les twittos ont utilisé des hashtags tels que #TousCrétinsdeDarmanin ou #Balancetonbac pour manifester leur indignation envers les déclarations de Darmanin, qu’ils ont perçues comme méprisantes.
Réactions négatives aux commentaires de Darmanin
Pour devenir gardien de la paix, il faut être titulaire du baccalauréat ou d’un diplôme de niveau équivalent. Pour être officier, un bac +3 est nécessaire et pour être commissaire de police, un bac +5. Selon des statistiques de l’Insee, les gradés et autres sous-officiers de gendarmerie représentent 83% des effectifs de la police et des gendarmes en France. Les commissaires et officiers de police représentent 7% des effectifs.
Les propos de M. Darmanin ont été vivement critiqués par plusieurs syndicats de police, comme Alternative Police CFDT et le syndicat indépendant des commissaires, qui les ont qualifiés d' »offensants » et de « maladroits ».
Améliorer la formation des policiers plutôt que d’augmenter le niveau d’éducation requis?
Thierry Clair de l’Unsa-Police et Fabrice Fagnani d’Unité-SGP Police FO ont tous deux reconnu que de nombreux jeunes entrent dans la police sans aucune expérience universitaire ou professionnelle. Cependant, ils ont tous deux souligné qu’améliorer la formation des policiers est un sujet plus important que l’âge d’entrée dans la police.
Darmanin défend ses propos et ses priorités
En visite à l’École nationale de police (ENP) d’Oissel près de Rouen le 11 juillet, M. Darmanin a tenu à expliciter et défendre ses propos lors d’un entretien. Il a regretté que ses commentaires aient pu être mal compris ou offensants, tout en insistant sur le fait que son point de vue concernait l’insuffisance de la formation des policiers bien plus du niveau d’éducation requis. Il a également émis des réserves sur le concours d’entrée actuel à l’école de police, préconisant un accompagnement plus personnalisé.