Le metteur en scène Philippe Garrel invite ses enfants à prendre part à un spectacle de pantins, toutefois il a du mal à assurer une ligne narrative assez solide pour captiver l’audience. La mise en salle est prévue pour le 13 septembre.
De petites figures peintes avec soin se déplacent au-dessus d’un tableau en bois. Les marionnettistes les font bouger grâce à leurs doigts habiles. Les minuscules membres s’activent, les voix sortent de la norme, trop aiguës ou trop profondes. Leire Recoing a fondé ce fascinant théâtre de marionnettes qu’on appelle Le Grand Chariot, dans lequel ses enfants, Louis, Esther et Lena Garrel, donnent vie à cet art. Cela fait rire aux éclats les enfants qui sont conquis par les pitreries de Polichinelle.
Philippe Garrel, le metteur en scène, met en lumière ce métier millénaire captivant, qui est souvent négligé et exposé à des difficultés. Le rentabilité n’est pas vraiment au rendez-vous, mais ce qui importe le plus, c’est l’enjeu familial qui commence à devenir accablant. Louis en a assez, il perd l’intérêt pour cet art et aspire à devenir acteur. Et la grand-mère qui coud les costumes des marionnettes, elle, voit sa mémoire flancher.
Des marionnettes dépareillées
Philippe Garrel parvient à créer des séquences de vie si durables et réalistes qu’on a l’impression de regarder un documentaire. On voit se succéder des repas en famille, des moments partagés entre la grand-mère et sa petite fille. Cependant, le réalisateur de La Cicatrice intérieure se laisse divertir par des récits qui éclipsent le thème principal du film, c’est-à-dire la succession du théâtre de marionnettes. Que reste-t-il sans le père, la pierre angulaire du théâtre familial? L’état de santé inquiétant de la grand-mère et le choix de Louis qui troque les marionnettes pour la carrière d’acteur, suscitent des interrogations.
La vie de Pieter, un peintre ami de Louis, interprété par Damien Mongin, attire le maximum de l’attention, bien que son visage ne soit pas présent sur l’affiche du film. Son personnage d’artiste désargenté, incapable de se faire comprendre, attire plus l’attention que la famille Garrel qui est laissée à sa merci, tentant de gérer seules le théâtre de marionnettes. « Ta famille est unique, tout le monde n’a pas eu cette chance » est la remarque de Pieter à Louis lorsqu’il évoque ses années difficiles d’artiste, passant ses nuits dans les gares. Quant à Louis Garrel, son jeu d’acteur manque de relief. Son expression du visage ne transmet pas grand chose et son jeu d’acteur est tellement décontracté qu’il donne l’impression d’un manque d’implication.
Philippe Garrel juxtapose plusieurs récits secondaires qui mériteraient chacun un film à part. Cela rend son film désordonné. On se perd rapidement, sans toujours comprendre le lien entre ces récits et le métier de marionnettiste. Une occasion ratée.
Il faut noter que le réalisateur Philippe Garrel est accusé par cinq actrices qui ont témoigné sur le site Mediapart le 30 août dernier de tentatives de baisers non consentis et de propositions sexuelles lors de rencontres professionnelles. Ces accusations sont minimisées par le réalisateur de 75 ans, qui malgré tout, présente ses excuses. « Aucune plainte n’a été déposée à ce jour », a précisé Mediapart, selon qui certains de ces incidents pourraient être qualifiés d’agression sexuelle ou de tentative d’agression sexuelle. ».