Des milliers de fonctionnaires lyonnais ont désormais la possibilité de travailler quatre jours par semaine au lieu de cinq, sans subir de baisse de salaire. La ville du sud-est, l’une des plus grandes de France, expérimente une semaine de travail plus courte dans l’espoir de réduire l’absentéisme et de réduire l’écart entre les sexes.
Depuis début septembre, les salariés de la Métropole de Lyon, la collectivité territoriale chargée de gérer la ville et ses principales banlieues, ont le choix entre trois alternatives à la semaine traditionnelle de cinq jours : travailler quatre jours par semaine, ou quatre jours et demi. , ou en alternance hebdomadaire entre quatre et cinq jours.
L’idée est de garantir que tous les salariés à temps plein continuent à effectuer les 35 heures qui constituent la semaine de travail standard en France, tout en leur donnant plus de flexibilité pour décider de leur intégration.
Ce programme, qui fait l’objet d’un essai d’un an, est proposé à plus de la moitié des 9 600 employés de l’administration – soit quelque 5 500 – sur une base volontaire, même si d’autres ayant des horaires fixes, comme les collecteurs de déchets, ne sont pas éligibles pour y participer. .
« Cela permet d’avoir un vrai samedi et un vrai dimanche, au lieu de passer le samedi à se précipiter et de n’avoir que le dimanche pour se reposer », a expliqué à 42mag.fr Séverine Bernard Barret, qui travaille aux ressources humaines.
La flexibilité
Désormais, elle prend congé un vendredi sur deux et travaille les autres jours de la semaine de 8h à 17h avec 45 minutes pour le déjeuner.
Cela signifie une journée de travail plus longue que celle de ses collègues qui s’en tiennent à la semaine de cinq jours – une heure et 15 minutes de plus, pour être exact, ce qui signifie un début plus tôt et une pause déjeuner plus courte.
Et il y a d’autres compromis à faire : les salariés qui descendent à quatre jours gagnent moins de jours de repos grâce au régime français RTT, qui rémunère les travailleurs par des congés payés en échange d’heures supplémentaires.
Laurie-Lou Lebre, adjointe de direction à la Métropole de Lyon, a choisi de ne pas raccourcir sa semaine de travail. Comme elle l’explique à 42mag.fr : « Sur une semaine de quatre jours, même si on a environ 50 jours de congés par an, ils sont fixes et ne permettent pas d’être flexible. Et j’avais besoin d’être flexible pour mon enfant. »
Écart entre les sexes
Pourtant, ce dispositif a été introduit en partie pour bénéficier aux mères qui travaillent, qui occupent souvent des postes à temps partiel pour s’occuper de leurs enfants.
« Ils sont à temps partiel par obligation. Nous voulons leur permettre de retrouver un niveau de revenus égal », a déclaré Zémorda Khelifi, conseillère aux ressources humaines à la commune de gauche de Lyon dirigée par les écologistes EELV, lorsque l’administration a annoncé le procès en mai.
Selon ses estimations, l’option de la semaine de quatre jours pourrait permettre à quelque 900 employées féminines de retrouver un travail à temps plein – et un salaire à temps plein.
La Métropole de Lyon espère également que cela réduira les absences évitables et contribuera à recruter et à retenir du personnel qui autrement pourrait être attiré par le secteur privé, surtout en pleine crise du coût de la vie.
L’avenir du travail ?
L’expérience de Lyon, qui pourrait être étendue si elle s’avère concluante, est l’un des plus grands essais français de la semaine de quatre jours.
Une poignée d’autres organismes publics l’ont proposé à plus petite échelle, notamment la caisse nationale de retraite Cnav et une branche régionale de l’Urssaf de sécurité sociale en Picardie, dans le nord de la France.
Dans les deux cas, la participation a été très limitée, selon le journal français Le Monde signalé plus tôt cette année, certains employés craignant que travailler plus longtemps quatre jours par semaine ne devienne plus épuisant.
En revanche, le distributeur informatique LDLC a choisi de réduire le nombre d’heures attendues de ses salariés en devenant l’une des premières entreprises privées françaises à adopter la semaine de travail de quatre jours pour l’ensemble de son personnel en 2021.
Le groupe lyonnais, qui emploie environ 1 000 personnes, est passé à 32 heures réparties sur quatre jours en janvier de la même année. Selon le PDG Laurent de la Clergerie, l’entreprise a vu son taux d’absentéisme diminuer, son turnover diminuer et son activité prospérer, le tout sans avoir à embaucher beaucoup plus de personnel pour rattraper le temps perdu.
« Cette façon de travailler est l’avenir », a déclaré en juin à l’AFP de la Clergerie, qui a écrit un livre évangélisant sur la semaine de quatre jours.

Des recherches dans d’autres pays semblent le confirmer. Un essai de six mois impliquant 61 organisations au Royaume-Uni a révélé qu’une réduction des heures de travail de 20 pour cent – tout en maintenant les salaires – réduisait considérablement l’épuisement professionnel, le stress, les congés de maladie et le turnover, sans nuire aux revenus.
En Islande, les essais se sont révélés si efficaces que plus de 85 pour cent de la population active travaille désormais moins que les 40 heures par semaine qui étaient la norme il y a dix ans, ou qui avaient le droit de le faire.
Mais alors que les sondages montrent systématiquement qu’un pourcentage important de travailleurs français sont favorables à des semaines plus courtes, les syndicats sont plus prudents : ils préviennent que condenser le même nombre d’heures en moins de jours, comme à la Métropole de Lyon, est contre-productif – « une fausse bonne idée », comme le dit le rapport. » affirme un important syndicat CGT.
L’administration et ses syndicats procéderont à une première évaluation du dispositif début 2024, indique le conseiller aux ressources humaines Khelifi.