Mercredi, la Cour de justice de la République a prononcé un non-lieu en faveur du garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti. Suite à cette décision, le ministre de la Justice a exprimé son souhait de mettre un terme à cette affaire et de « tourner la page ». Cependant, certains magistrats et syndicats demeurent fortement affectés par ce procès.
Le ministre de la Justice relaxé par la CJR : « tourner la page » et apaiser les tensions
Eric Dupond-Moretti, relaxé par la Cour de Justice de la République (CJR), a exprimé son soulagement et sa volonté d’apaiser les tensions après un procès inédit. Il a affirmé son innocence sur France 2 et a souligné l’importance de ne pas avoir été contraint à la démission. L’ancien avocat, ténor du barreau pendant plus de trente ans, a également mis en avant le travail accompli depuis son arrivée à la Chancellerie en juillet 2020. Il a exprimé son souhait de continuer à travailler avec ses interlocuteurs officiels, y compris le procureur général près la Cour de cassation, Rémy Heitz, qui représentait l’accusation devant la CJR. Malgré des réquisitions lourdes à son encontre, Eric Dupond-Moretti a souligné que ses relations avec le procureur général étaient cordiales. Il a également évoqué les syndicats de magistrats ayant porté plainte contre lui pour « prise illégale d’intérêts » en décembre 2020, espérant tourner la page et apaiser les tensions.
Les syndicats de magistrats, quant à eux, restent prudents et sceptiques quant à la possibilité d’apaisement. Kim Reuflet, présidente du Syndicat de la magistrature, classé à gauche, a exprimé des doutes quant à la capacité d’Eric Dupond-Moretti à normaliser les relations. Elle a souligné que le procès laisserait des traces, en raison d’une vision méprisante des organisations syndicales et d’une passe d’armes avec la haute hiérarchie judiciaire. Le SM a même critiqué les motifs de la décision sur X et appelé à la suppression de la CJR, qu’ils qualifient de « juridiction d’exception ».
La décision de la CJR et la relaxe du ministre continuent de provoquer des remous au sein de la magistrature. Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur le fondement juridique de la décision et sur l’impact de ce procès sur les relations avec Eric Dupond-Moretti. Guillaume Didier, ancien magistrat, conseiller du ministre, estime que malgré les tensions persistantes, il est nécessaire de continuer d’améliorer la justice au quotidien pour réparer le lien avec les magistrats. Béatrice Brugère, secrétaire générale d’Unité Magistrats SNM FO, se veut plus optimiste, soulignant que le dialogue social n’est pas rompu et que des avancées ont été obtenues grâce à la loi organique réformant le statut des magistrats.
Eric Alt, magistrat et administrateur d’Anticor, souligne le paradoxe de la situation. D’une part, Eric Dupond-Moretti a contribué au renforcement de la culture d’indépendance de la justice, mais d’autre part, il a rompu avec les syndicats de magistrats. Il estime que le ministre ne pourra pas faire table rase du passé et devra vivre avec une succession de paradoxes pour un certain temps.