Dimanche dernier, un film avec Gérard Depardieu a été présenté sur France 2. Par la suite, des utilisateurs d’internet ont reproché au groupe France Télévisions de ne pas avoir respecté sa promesse de retirer l’acteur, qui fait face à des allégations d’agressions sexuelles, de ses grilles de diffusion. Cependant, ceci n’est pas exact.
Certaines personnes sur internet ont exprimé leur surprise de voir Gérard Depardieu dans le film Illusions perdues, qui a été diffusé le dimanche 17 décembre sur France 2. Ils ont fait remarquer que le groupe France Télévisions avait promis de ne plus diffuser de film avec l’acteurqui fait l’objet d’accusations de viol et d’agression sexuelle.
Toutefois, cette affirmation est incorrecte, selon France Télévisions. « Il ne s’agit pas de censurer. Nous nous réservons peut-être le droit de contextualiser ces œuvres. Mon propos se veut général, et ne concerne pas uniquement Gérard Depardieu », déclare Manuel Alduy, responsable du département cinéma de France Télévisions. « Cependant, nous nous retirons de la promotion des participants à ces œuvres lorsqu’ils sont l’objet d’accusations collectives », ajoute-t-il dans une conversation avec notre collègue de France Inter, Alexandra Ackoun.
Ces internautes se sont fondés sur certaines publications. L’un des premiers articles a été publié par le site jeanmarcmorandini.com, où on peut lire : « Le responsable du cinéma de France Télévisions, Manuel Alduy, annonce qu’il mettra un terme à la diffusion de films avec Gérard Depardieu sur toutes les chaînes du groupe, en refusant toute nouvelle production mettant en vedette l’acteur ». Alduy a immédiatement réfuté cette information sur X en déclarant : « Bonjour morandiniblog. Vous devriez jeter un œil à Complément d’enquête sur ce sujet, ce n’est pas exactement ce qui est avancé ».
Dans le reportage de Complément d’enquête du jeudi 7 décembre, intitulé « La chute de l’ogre », Manuel Alduy a fait référence à l’enquête publiée par Médiapart en avril dernier dans laquelle la journaliste Marine Turchi a recueilli des témoignages accusant Gérard Depardieu de violences sexuelles. « Suite aux accusations de ces nombreuses femmes, nous avons revu intégralement nos plans de diffusion. On ne peut pas glorifier Gérard Depardieu. C’est tout simplement inconcevable de notre point vue. Dans un second temps, nous avons suspendu tous les projets à venir qui pourraient impliquer Gérard Depardieu », a clarifié le responsable du cinéma de France Télévisions.
« Pas de boycott » mais une absence de glorification
Manuel Alduy déplore une surestimation de ses paroles. Il ne s’agit pas d’interdire la programmation de films avec Gérard Depardieu, comme cela a été le cas dans le cadre d’une « programmation hebdomadaire standard » le dimanche soir. Cependant, il n’est pas question d’organiser une soirée spéciale honorant l’acteur, car cela enverrait un message d’indifférence, ce qui n’est ni vrai ni juste, souligne Manuel Alduy. Par conséquent, suite à la publication de l’article de Mediapart, France Télévisions a annulé la diffusion d’un film mettant en vedette Gérard Depardieu à l’occasion du festival de Cannes. « Nous avons retiré le film et prévoyons de le diffuser à une date normale » a-t-il ajouté en précisant : « C’est ça la suspension qui a eu lieu, et c’était il y a six mois »
France Télévisions financera-t-elle de futurs films avec Gérard Depardieu ?
Manuel Alduy explique que la question « ne s’est pas posée » puisque le groupe n’a pas été approché pour un projet « mettant Gérard Depardieu en rôle principal depuis 18 mois ». Sans prendre de position définitive, il avoue sur France Inter que le groupe éprouverait des difficultés à financer de nouveaux films avec l’acteur, tant que les affaires en cours ne progresseraient pas. Cependant, il continue, « je suis assez certain que de nouveaux projets avec Gérard Depardieu nous seront proposés, s’il le souhaite, et nous les évaluerons ». Le directeur du département cinéma de France Télévisions estime que l’époque où « des films se sont montés sur son nom est terminée ».