Pour la première occurrence, la comédienne qui est aussi scripte et metteuse en scène, désigne clairement le réalisateur avec qui elle a été impliquée sentimentalement alors qu’elle n’était pas encore majeure.
« Le temps est venu de mettre un nom sur cette emprise. » C’est avec ces mots que l’actrice Judith Godrèche a brisé le silence le samedi 6 janvier, sur Instagram, accusant publiquement le célèbre réalisateur Benoît Jacquot. Elle affirme qu’il a usé de son influence sur elle lorsqu’elle n’était encore qu’une jeune adolescente. Sa relation avec le cinéaste, alors qu’elle avait tout juste 14 ans et lui 40, avait été discrètement évoquée dans sa série « Icon of French Cinema », diffusée sur Arte, et également dans diverses interviews promotionnelles. « Il est possible de tomber sous l’emprise d’une personne de pouvoir, et l’art offre un terrain propice à cela », a-t-elle exprimé lors d’une interview pour le magazine féminin Elle.
Pourtant, comme elle l’a souligné sur Instagram, Judith Godrèche avait décidé de ne « mentionner aucun nom », par « crainte que l’attention ne se focalise uniquement sur une seule personne ». Toutefois, après avoir visionné un documentaire réalisé par Gérard Miller en 2011, elle a changé de position. « Aujourd’hui, je me vois dans l’obligation de m’exprimer personnellement sur les réseaux sociaux, une idée qui m’était inconcevable avant de voir ce documentaire », déclare-t-elle. « Non, Benoît Jacquot, j’avais seulement 14 ans à l’époque et non, je n’étais pas excitée », souligne-t-elle, en référence à une image du documentaire où le réalisateur répond aux questions de Miller.
Pensant à la meilleure façon de raconter toute l’histoire
Dans un extrait mis en ligne également sur le réseau social X par la journaliste et auteure Hélène Devynck, victime elle-même du cas PPDA, Benoît Jacquot reconnaît sa liaison avec l’actrice Judith Godrèche. En revanche, il prétend qu’elle avait atteint 15 ans, l’âge de consentement en France, et non 14. Il admet que cette relation était en réalité une « transgression », mais soutient que « cela ne la dérangeait pas et même cela l’excitait ». Il va jusqu’à affirmer que le monde du cinéma offre une certaine « protection pour ce type de comportement ».
Dans ses messages sur Instagram, l’actrice insinue qu’elle n’a pas dit son dernier mot. « Je vais prendre le temps de réfléchir. Sur le lieu, le moment, la méthode pour tout dévoiler », confie-t-elle, tout en précisant sa peur de ne plus pouvoir travailler et de ne pas recevoir du soutien. « Mais je dois faire face à cette situation pour nos filles, nos sœurs cadettes », ajoute-t-elle. L’actrice, maintenant âgée de 76 ans, affirme que le réalisateur la « menace » de l' »attaquer en justice pour diffamation ».
« Alors maintenant, je vous donne la permission de partager, de tweeter, de publier sur Facebook, de taguer, de rendre public tout ce que je viens de raconter. Faites-le », conclut Judith Godrèche.