Cette semaine, Thierry Fiorile et Matteu Maestracci présentent les nouvelles sorties cinématographiques : « Pauvres créatures » réalisé par Yorgos Lanthimos et « Animal » un film de Sofia Exarchou.
« Les êtres misérables » de Yorgos Lanthimos
Se déroulant à Londres au cœur de l’ère victorienne, une histoire macabre et fascinante met en vedette un savant quelque peu dérangé, Godwin Baxter, campé par l’acteur Willem Dafoe qui arbore des cicatrices sur le visage. Baxter partage sa vie avec Bella, un personnage incarné par Emma Stone, une jeune femme que l’obsessionnel chercheur a sauvé d’une tentative de suicide en lui greffant le cerveau de l’enfant qu’elle portait. C’est certes effrayant, mais c’est tout aussi captivant, humoristique et parsemé d’événements inattendus.
Bella, dont le développement intellectuel et physique est restreint, révèle rapidement des aptitudes extraordinaires. Elle entreprend un périple pour comprendre le monde et la vie, montrant un attrait marqué pour le sexe. Son voyage, foisonnant d’imprévus, la mène de palais luxueux à Lisbonne, à la sombre Alexandria, en passant par un bordel à Paris. C’est un cheminement graduel vers son émancipation, face à un patriarcat ridiculisé. Le récit du film est un défi aux conventions narratives classiques.
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« La Bête » de Sofia Exarchou
L’approche adoptée dans ce film est des plus singulières, s’opposant radicalement à ce qu’on pourrait anticiper d’une production cinématographique abordant le thème du tourisme en Grèce (ou dans n’importe quel autre pays méditerranéen). Loin des hôtels luxueux, des paysages idylliques typiques des cartes postales et brochures, nous sommes plongés dans un lieu où tout semble être terne et bon marché. Nous suivons un groupe d’animateurs, chargés d’organiser des soirées et de divertir, tandis qu’ils tentent de mettre de côté leurs propres préoccupations. Ils sont conduits par Kalia, une femme de 35 ans dont l’apparence trahit les effets du temps.
La réalisatrice Sofia Exarchou nous immerge dans ce quotidien monochrome, mélancolique et répétitif. Après avoir dépeint en 2016 une jeunesse d’Athènes désenchantée dans « Park », c’est, dans la pénombre, derrière le rideau, qu’elle nous emmène. Elle dévoile une économie hellénique sur le déclin, qui ne croit plus au rêve capitaliste depuis bien longtemps.
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