La comédienne a déposé une plainte à l’encontre des deux metteurs en scène, Benoît Jacquot et Jacques Doillon, en les accusant de « viol sur mineure ». Les faits qu’elle leur reproche sont rattachés à la fin de la décennie 80.
Judith Godrèche utilise une analogie du célèbre conte « Le Petit Chaperon rouge » pour décrire le réalisateur contre lequel elle porte des accusations, en le comparant à un « loup déguisé en grand-mère ». Dans une interview avec France Inter le jeudi 8 février, l’actrice a confirmé ses accusations contre Benoît Jacquot. Elle déclare avoir été maltraitée par le réalisateur, qui avait 39 ans à l’époque où ils se sont rencontrés en 1986, tandis qu’elle venait tout juste d’avoir 14 ans.
En effet, Judith Godrèche a déposé une plainte le mardi précédent auprès de la Brigade de protection des mineurs. En conséquence, le parquet a initié une enquête sur les accusations qui comprendraient des actes de viol sur un mineur de 15 ans par une personne en position d’autorité, viol, violences faites par un partenaire conjugal et agression sexuelle sur un mineur de plus de 15 ans par une personne en position d’autorité. Ces allégations s’étendent sur une période allant de 1986 à 1992.
De plus, l’actrice a aussi porté plainte pour viol sur mineure contre un autre réalisateur, Jacques Doillon, pour des incidents qui se seraient produits lors du tournage du film « La fille de 15 ans », sorti en 1989. Judith Godrèche décrit comment, à un moment donné, il a décidé d’inclure une scène d’amour, une scène de sexe entre lui et elle, où elle a été forcée de retirer son pull pour ensuite être palpée par lui, tout en l’embrassant. Benoît Jacquot et Jacques Doillon ont tous deux nié ces accusations. À première vue, pour les deux cas, les allégations semblent être au-delà du délai de prescription.
Un durcissement des lois depuis les années 80
Aujourd’hui, en cas d’accusation de viol sur mineur, la loi prévoit un délai de prescription de 30 ans depuis le 3 août 2018, contre 20 ans auparavant. Ce délai, pour les crimes sexuels, débute non pas à partir de la date de l’infraction mais à partir de la majorité de la victime.
Selon le site service-public.fr, cela signifie que « la victime peut déposer une plainte jusqu’à ses 48 ans (âge de sa majorité + délai de prescription de 30 ans) ». Cette règle en vigueur aujourd’hui précise toutefois que « le délai de prescription de 30 ans ne s’applique pas aux infractions prescrites avant le 6 août 2018 ». Dans le cas de Judith Godrèche, qui a aujourd’hui 51 ans et dont les faits remontent à une date antérieure à 2018, les accusations semblent plutôt relever des délais de prescription du code pénal établi avant 1994.
L’adoption de la « prescription glissante » pour un nouveau cas de victime
Cependant, le délai de prescription peut être prolongé suite à l’adoption de la loi du 21 avril 2021, qui introduit une « prescription glissante ». Si, dans un cas de viol ou d’agression sexuelle sur mineur, l’auteur commet une nouvelle infraction envers un autre mineur avant l’expiration du délai de prescription, un nouveau crime de viol ou d’agression sexuelle ou d’atteinte sexuelle, alors le délai de prescription du premier acte de viol est étendu jusqu’à la date de la nouvelle infraction. En d’autres termes, si un nouvel acte criminel ou sexuel est commis pendant le délai de prescription, la première victime pourrait bénéficier du délai accordé à la deuxième victime.