Des concertations entre l’équipe gouvernementale et les organisations syndicales sont prévues, ces dernières avertissent qu’elles pourraient lancer de nouvelles protestations si le gouvernement ne prend pas de décisions assez promptement.
La pression exercée par les agriculteurs s’intensifie de nouveau et les hauts responsables gouvernementaux sont sur leurs gardes. La FNSEA et le syndicat des Jeunes agriculteurs sont attendus le mardi 13 février à Matignon à 16h30 pour faire le bilan des avancées réalisées après les annonces du gouvernement il y a moins de deux semaines. Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a cependant appelé à accélérer le rythme des actions, sous peine de reprendre les manifestations. Mercredi, Emmanuel Macron devra à nouveau se pencher sur le dossier, en recevant pour la première fois depuis le début des tensions les syndicats agricoles, la Confédération paysanne et la Coordination rurale. Le gouvernement a pour principale préoccupation de prévenir une nouvelle vague de colère.
Les tracteurs sont peut-être retournés à leurs fermes, mais ils sont prêts à reprendre la route dès que nécessaire. Les agriculteurs sont sur le qui-vive, prêts à bloquer les autoroutes ou à déverser leur marchandise devant les préfectures. À l’approche du Salon de l’agriculture qui débutera le 24 février, les syndicats, et en particulier la FNSEA, tentent de faire pression pour des progrès concrets. Les agriculteurs exigent des résultats plus rapides.
Réunion au ministère de l’Agriculture
Un conseiller minimise l’importance de la situation en déclarant que c’est un jeu de pression typique. Il rappelle que 400 millions d’euros ont déjà été investis et que la loi d’orientation agricole, initialement reportée, sera présentée au Conseil des ministres avant la fin du mois de février. Pour préparer ce texte, tous les députés de la majorité ont été conviés à une réunion au ministère de l’Agriculture. Les proches du ministre de l’Agriculture Marc Fesneau et de sa ministre déléguée Agnès Pannier-Runacher insistent sur le fait que les mesures annoncées finiront par porter leurs fruits et que les choses évoluent.
Quant aux promesses de simplification immédiate faites par Gabriel Attal, Emmanuel Macron a demandé aux préfets de lui faire un rapport détaillé avant de recevoir les syndicats à l’Élysée. Cependant, lundi, des ONG de défense de l’environnement ont quitté une réunion du comité d’orientation, mettant le gouvernement face à un dilemme: tenir ses promesses (notamment la réduction de 50% de l’utilisation des pesticides d’ici 2030) tout en préservant la paix sociale avec les agriculteurs, avec le risque de donner l’impression de prioriser l’un par rapport à l’autre.
Mise en garde contre un retour de flamme
Les réunions à l’Élysée, prévues mercredi et la semaine prochaine, marquent-elles un regain d’intérêt d’Emmanuel Macron pour la question agricole ? L’entourage du président minimise l’importance de ces réunions, les considérant comme routinières. Cependant, la situation est plus complexe. Jusqu’à présent, le président a réussi à maintenir une certaine distance avec la crise, mais il demande maintenant une mobilisation des préfets et mène des négociations depuis Bruxelles sur les sujets européens (comme les jachères, le traité de libre-échange Mercosur et la concurrence des produits importés d’Ukraine). Parallèlement, Gabriel Attal gère sa première crise politique. Le président est récemment sorti de sa réserve lors d’une visite discrète, sans caméras ni micros, d’une exploitation dans le Doubs. Un député impatient commente, « Le président, c’est notre dernière cartouche ».
Les premiers syndicats attendus à l’Élysée mercredi sont considérés comme les plus radicaux, à savoir la Confédération paysanne, orientée à gauche, et la Coordination rurale, proche du Rassemblement National. La semaine prochaine, ce sera le tour de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs. Un conseiller rappelle que « ce mouvement n’est pas parti de la FNSEA mais bien de la base ». Pour Emmanuel Macron, il n’est plus possible de rester en retrait. Un de ses alliés le prévient « Attention au retour de bâton ». Le 24 février, le président prévoit d’inaugurer le Salon de l’agriculture. Tout en se préparant pour un marathon dans les allées du salon, il espère éviter tout incident – jet d’œufs, sifflets ou huées – qui pourrait gâcher l’événement.