A un semestre de l’ouverture des Jeux Olympiques à Paris, le président de la République décide finalement de ne pas bouger les fameuses échoppes vertes des libraires de seconde main qui se trouvent sur les berges de la Seine.
Un différend de longue date entre les bouquinistes et l’administration préfectorale a enfin pris fin lorsque l’Élysée a statué, le mardi 13 février, que ces librairies en plein air ne seraient pas déplacées pour la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024, faute de consensus. Le Président a insisté pour que les mesures de sécurité soient ajustées pour tenir compte de cette décision. Cependant, nous avons appris qu’un maximum de 220 000 participants serait encore acceptable sur les quais hauts de la Seine.
La décision présidentielle a étonné certains membres du conseil municipal parisien, car elle contredit la position du préfet de police qui prônait la suppression de la moitié des stands du bouquiniste pour assurer la sécurité. Bien qu’Emmanuel Macron ait toujours défendu les bouquinistes, candidate à une reconnaissance au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, il n’a pas réussi à freiner le protocole de sécurité de la préfecture. Un élu a suggéré que cet amoindrissement des ambitions pour la cérémonie pourrait être une tentative du président d’éviter de se mettre à dos cette profession très influente à Paris.
Une manœuvre politique à l’approche des élections municipales
Certains pensent que la proximité des élections municipales de 2026 serait la raison pour laquelle le Président se serait montré si préoccupé par cet enjeu local et culturel. Cela évoque la position de Rachida Dati, sa ministre de la Culture, lors des dernières élections municipales, lorsque la question des bouquinistes était l’une de ses principales préoccupations. Elle a d’ailleurs presque immédiatement exprimé sa satisfaction via le fil de discussion privé de la droite parisienne. Un de ses proches pense que cela sera un point marquant de son mandat ministériel.
Un conseiller de l’exécutif pense que le Président est en train de préparer le terrain pour l’avenir, comme en témoigne la dernière vague de réorganisation du gouvernement avec des ministres délégués susceptibles de devenir les futurs candidats de Macron aux élections municipales. En effet, Sabrina Agresti-Roubache à Marseille, Patrice Vergriete à Dunkerque, Sarah El-Haïry à Nantes et Rachida Dati à Paris pourraient former un réseau solide de diplomates locaux qui aideraient Macron à promouvoir un possible successeur en 2027.