La comédienne, ayant l’un des rôles majeurs dans ce film, considère que la diffusion de cette œuvre cinématographique de ce réalisateur incriminé par plusieurs de ses consoeurs, y compris Judith Godrèche, constitue « une déconsidération de la voix des femmes ».
Face aux accusations d’agressions sexuelles dont fait l’objet le metteur en scène Jacques Doillon, portées entre autres par l’actrice Judith Godrèche, Nora Hamzawi prend position contre la projection dans les cinémas de son dernier film, intitulé CE2, dans lequel elle joue.
Malgré les protestations, la diffusion du film reste prévue pour le 27 mars, comme l’a confirmé son producteur le 16 février. Nora Hamzawi a manifesté son désaccord avec cette résolution sur son compte Instagram le mardi suivant, critiquant ce qu’elle perçoit comme un manque de respect à l’égard du discours des femmes. Selon elle, la situation actuelle dans l’industrie du cinéma, appelant à se propagager dans d’autres secteurs, est primordiale et mérite un soutien indéfectible.
Cible d’une instruction judiciaire pour viol commis sur mineur
Jacques Doillon, au même titre que Benoit Jacquot, fait l’objet d’une investigation judiciaire pour des chefs d’accusation tels que « viol sur mineur de 15 ans par une personne en position d’autorité, violences conjugales et agressions sexuelles sur un mineur de plus de 15 ans par une personne en position d’autorité », à la suite d’une plainte déposée par Judith Godrèche, qui a travaillé avec lui sur le film La fille de 15 ans, sorti en 1989. Le réalisateur, âgé de 79 ans, fait l’objet d’accusations supplémentaires de la part de deux autres actrices : Anna Mouglalis qui indique avoir été « forcée de l’embrasser », et Isild Le Besco qui déclare avoir été écartée de la production d’un film après avoir « refusé d’avoir une relation sexuelle » avec Jacques Doillon.
« Exhortation à l’éveil des consciences »
Le récit du film CE2, où Nora Hamzawi joue aux côtés d’Alexis Manenti, met en avant l’histoire d’une écolière de CE2 victime de harcèlement de la part de deux de ses camarades de classe.
Pour Bruno Pesery, le producteur du film, il est primordial que la diffusion du film ne soit pas perçue comme un signe de désintérêt vis-à-vis des accusations formulées contre son réalisateur. Dès le début, elles ont été prises très au sérieux. Cependant, il estime qu’il n’est pas viable de calquer la sortie du film sur le calendrier judiciaire.
La maison de production Arena Films défend sa décision en évoquant le travail collaboratif qui a permis l’existence du film, mis en œuvre par « les acteurs, les techniciens, les fournisseurs, les producteurs, les distributeurs, les attachés de presse ou les exploitants ». Selon le producteur, le film « incite à la prise de conscience, invite au dialogue et met en exergue la vigilance ». Il met l’accent sur l’écart considérable de « près de quarante ans » entre le tournage du film et les faits dont Jacques Doillon est accusé.