Quelle est la posture des jeunes femmes qui commencent une carrière dans le domaine cinématographique vis-à-vis des comportements nuisibles ? Une comédienne, une technicienne spécialisée dans les machines et une femme cinéaste partagent leurs expériences avec les défis auxquels elles ont dû faire face et comment elles les ont surmontés.
Dans le cinéma français, de nombreux cas de harcèlement sexuel et de violences sexistes continuent de faire surface, certains après plusieurs années de silence. Ces révélations suscitent de nombreuses questions chez les femmes qui font leur entrée dans le monde du 7e art. Comment réagir face à ces comportements malsains au début de leur carrière ? De nombreuses jeunes actrices, techniciennes ou réalisatrices se sentent souvent dépassées face à ces situations et cherchent par tous les moyens à y faire face, quitte à revoir leurs plans de carrière.
Dire non est essentiel
Jeanne, 27 ans, actrice de métier, a eu à faire face à plusieurs scènes problématiques lors des tournages. Elle a souvent dû dire non, que ce soit face à des scènes de nudité ou face à un réalisateur aux mains baladeuses. Membre du collectif 50/50, qui milite pour la parité et la diversité dans le cinéma, Jeanne admet avoir du mal à poser ses limites. Le dilemme qu’elle rencontre est partagé par de nombreux acteurs et actrices. Cependant, elle souligne l’importance de prendre position et de dire non face à des situations problématiques.
Des référents harcèlement pas assez formés
Héléna, 24 ans, avec six années d’expérience comme machiniste, a fait face à de nombreux comportements inadéquats sur les plateaux de tournage. Un incident particulier, où un technicien lui a donné une claque sur les fesses, l’a marquée. Depuis janvier 2021, les aides du Centre national du cinéma sont conditionnées par la présence d’un référent harcèlement sur les longs tournages. Cependant, Héléna estime que ce dispositif est loin d’être efficace, car les personnes désignées comme référents ne sont pas toujours formées pour cela.
Changer de rôle pour avoir plus de contrôle
Noé, une jeune réalisatrice, dénonce l’attitude de certains acteurs et réalisateurs expérimentés lorsqu’elle cherchait à obtenir des conseils sur leur parcours. Selon elle, la séduction est souvent utilisée pour créer des réseaux dans le cinéma, ce qu’elle considère comme problématique. Pour cette raison, elle a décidé en 2020 de se tourner vers la réalisation, un choix qui lui permet de sélectionner elle-même son équipe de travail.